Le feuilleton de l’automne 17 : la chair à feuilleton

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Monsieur Détecteur parlait à Griz.


Sa voix d'outre-gorge, alanguie par les pastilles de menthe qu'il laissait fondre entre les molaires expliquait sa technique spéciale : il ne supportait pas que le bonbon se coince sous sa langue, alors que ses molaires étaient de parfaits réceptacles à dragées, même si ça l'empêchait d'articuler. La conversation ne demandait pas tellement d'efforts à suivre, il fallait simplement ne pas s'agacer des bruits de salive qui l'accompagnait. Griz, qui considérait chaque détail de l'humain comme de la chair à feuilleton avait une capacité d'écoute hors du commun.
Pourtant, au bout d'un moment, c'était lassant. Elle allait se retourner vers la femme de cinq enfants, pour lui demander l'heure, et peut-être de se taire en même temps (mais ça risquait de brouiller le message) quand elle entendit qu'autour, ça commentait autre chose. La nouvelle de l'arrivée des hommes politiques, vous-vous-rendez-compte-ils-ont-osé. Monsieur Détecteur approuvait, parce qu'ils étaient d'excellents représentants de son commerce, il faut-insister-sur-l'insécurité-ambiante-et-sur-la-nécessité-de-se-protéger.

Mais les autres autour, avaient une vision moins positive. Coupables. Personne n'avait encore voté, la campagne était un semi-fiasco, les alliances, les extrêmismes, et l'avenir de la Belgique des petites bombes : il y avait du défouloir dans l'air.

A suivre.

Aliette Griz

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2 COMMENTS

  1. juste… whaouh! quelle belle plume, j’ai lut tes textes sur yelyam’s stories, en regardant les photos de l’imprimerie, et j’ai trouvé ça si beau et juste, que j’ai faillit pleurer (sans rire). Merci

  2. Tes pleurs sont les bienvenus. (Ta sincérité aussi.) J’ai pris du temps pour publier, ça manque un peu de suivi, mais le feuilleton de l’automne t’a ému. Ce n’est donc pas pour rien. Merci, lectrice.

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