Le confinement, vu du centre de Bruxelles

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J’en ai des frissons. Même le jour des attentats de Bruxelles et ceux qui ont suivi, même au plus fort du lockdown après les attentats de Paris, jamais je n’avais vu le centre de Bruxelles si vide, si sinistre, que depuis le début du confinement. Le premier jour, moi qui habite le quartier Sainte-Catherine, je suis allée voir la Grand-Place. J’ai traversé le boulevard Anspach vidé de ses badaux. À part quelques livreurs encore en faction pour venir chercher les plats d’établissements qui peuvent encore le faire, quelques SDF qui attendent l’aumône en vain et quelques passants à pied ou a vélo qui filent comme des ombres, ce qui règne, c’est le silence.

Et ce silence est effrayant car depuis que le piétonnier existe, si il y a un lieu plein de bruit et de fureur à Bruxelles, c’est bien la place de la Bourse ! Quand je sors la semaine, seul le bruit des derniers travaux vient un peu meubler ma balade. À part ça cela reste impressionnant. Devant les supermarchés, j’assiste aux premières files de contrôle à l’entrée. On est plus ou moins sagement alignés, certains plus disciplinés que d’autres. Je marche vers la Grand-Place, dépassant volets fermés après volets fermés. Lesquels s’ouvriront quand tout sera fini ? Et pour combien de temps ?

Se promener tient parfois du parcours d’obstacle. Je slalome entre les quelques passants. Je n’ai pas peur pour moi, j’ai peur de transmettre le virus à d’autres, au cas où je l’aurais attrapé sans le savoir. Sortir à presque pris le goût d’un crime.

J’arrive enfin sur la plus belle Place d’Europe. Je crois que je l’ai vue comme je la verrai rarement : vide. Pendant une minute. Au maximum, les quelques minutes que j’y passerais pour immortaliser ce moment insolite, nous serons dix. Vertige. Et coup de cafard, j’ai l’impression que si je parlais, ma voix ferait un écho monstrueux aux quatre coins de la Grand-Place. Quelques jours plus tard, je me rends place Sainte-Catherine. Avec ce beau soleil, les premières terrassekes devraient être sorties, j’aurais aussi dû trouver une foule assise sur le parvis. Si un nombre assez conséquent de boutiques restent ouvertes (boulangeries, boucheries, épiceries…), personne sur la place. Même les habitués un peu alcoolisés ne sont plus là, probablement convaincus, par la police, de s’en aller.

Au moins, il reste la friterie, Chouke, nouvellement installée cet hiver. J’avais bondi de joie en voyant mon quartier enfin doté d’un vrai fritkot avec, qui plus est, des frites qui peuvent envoyer Maison Antoine et Frit’Flagey se rhabiller. Aujourd’hui, je fais partie des quelques rares clientes. Pour le patron, rester ouvert lui permet de limiter la casse. En ces premiers jours de confinement, se promener dans Bruxelles est plutôt un crève-coeur qu’un moment de réconfort.

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Après Bruxelles-centre, votre commune/quartier ?

En ces temps quelque peu moroses, alors que nous sommes tous confinés, l’équipe de BXLBLOG a décidé d’écrire. Sur l’ambiance qui règne dans nos belles communes bruxelloises, sur les gens… On a donc commencé par Koekelberg, Watermael-Boitsfort, Uccle, Jette, Laeken et maintenant Bruxelles et on essaiera de le faire pour les 19 communes. On essaiera car on n’est pas présents dans toutes les communes.

D’ailleurs, si tu habites une des dix-neuf entités, que tu as envie de raconter ce qu’il se passe tout près de chez toi quand tu sors faire tes courses : WELCOME. Un petit mail et c’est parti.

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