Le confinement vu de Schaerbeek

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Schaerbeek

A Schaerbeek, pour nous, ça confine en famille. Madame, Monsieur, jeune Homme, jeune Femme, 4 dans un triplex 3 chambres, 2 sdb, 2 salons, vaste cuisine américaine, bureau en mezzanine, jardin. Ça permet les échappatoires, les surprises, les cocons, la vie. Nous avons pour l’instant la chance d’avoir évité de croiser le virus, jusqu’à test du contraire.

Cette mauvaise crève de début mars était-ce déjà le covid-19 ? Une grippe ? Qui sait ?

Nous baignons dans notre ignorance, car nous ne pouvons être ailleurs, y palier. C’est la situation. Nous attendons et nous nous occupons de nous. A temps régulier des sachants viennent dire ce qu’il convient de faire, à la télé. Se demandent-ils quand ils nous parlent ce que nous pensons de leur conduite de la crise qui nous place au 3e rang du taux de mortalité par habitant en Europe ? Se demandent-ils si nous voyons que les voisins qui ne font « rien » ou qui font « plus » font mieux que nous ? Ce paradoxe n’est manifestement pas une priorité sur laquelle nous éclairer.

Il nous faut donc tromper l’ennui et la morosité qu’induit la stupeur de tant de cataclysmes : Guerres de Syrie, migrations, pouvoir illibéraux gagnant les pays démocratiques, impunité des dictatures, pandémie COVID-19, crash boursier, restriction des libertés, pouvoirs spéciaux aux mains des incompétentes et cuistres qui devant prévoir, n’ont rien vu. L’usine grippe, la logistique tousse, le château de carte s’effondre, le roi est nu.

Il faut garder espoir. Demain viendra. Espérons qu’il puisse être meilleur… Nous attendons et nous nous occupons de nous. On cherche donc à combler par autre chose que de l’angoisse et de la colère, tout ce temps. S’occuper. On répare ceci, cela, on range, on astique, on plante, on repique, on brode, on coud. Heureusement, outre un licenciement collectif, l’activité économique ne s’est pas tarie. Ici ça bosse, qui ses maths, qui ses projets, qui ses clients. Pour s’organiser on tente les horaires fixes.

L’occupation de l’espace sonore pour les appels, les repas aux mêmes heures c’est un brin conflictuel. Ca demande négociations et ténacité. Mais il semble assez vite évident que pour la paix du ménage c’est le meilleur compromis. A l’heure actuelle le dernier petit-déjeuner est admis à 13h. Nous avons encore des progrès à faire pour donner l’illusion à nos enfants que le rythme, les horaires sont féconds, utiles. Que ce corps social, lointain et devenu virtuel, qui voudrait contrôler nos fonctionnements a voix au chapitre. Nous avons abdiqué l’idée que le temps devait être utile, il faut qu’il soit efficace, opérant dans ce que nous avons envie et besoin de faire, pas ce que l’on nous impose.

Les paradoxes sourdent au quotidien, comme si la croyance de notre toute puissance balayée par quelques virions, avait emporté avec elle tous les faux semblants. Les mal payés, déconsidérés, sont officiellement essentiels et des héros; si tu n’as pas la bonne origine ta vie ne vaut rien et si on te l’ôte, c’est qu’il est de ta faute de l’avoir perdue que faisais-tu là ?; rien n’est vraiment utile tant qu’il n’est pas disponible ; si il est indisponible c’est que l’on n’avait pas vraiment conscience de son utilité, malgré l’ironie des faits…

Alors pour se passer du baume au coeur, comme partout on ruse pour cuisiner des petits plats qui mettent le sourire. Alterner entre la comfort food, l’aliment-réconfort, câlins gustatif et la cuisine de ceux qui ont du temps, du goût et une histoire. Bolognaise ou waterzooi. Lentilles, pommes de terre, pâtes, riz avec épices, condiments, huile et eau font des combinaisons dont toutes les primeurs d’un printemps qui naît consolent des temps sombres qui sont les nôtres.

Restez chez vous et gardez mémoire des morts que l’impréparation, le manque de vision, la peur et la maladie auront faits. Et rappelez-vous toutes les bassesses que ceux qui nous gouvernent ont pensé pouvoir nous faire passer pour de l’action…

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Après Schaerbeek, votre commune/quartier ?

En ces temps quelque peu moroses, alors que nous sommes tous confinés, l’équipe de BXLBLOG a décidé d’écrire. Sur l’ambiance qui règne dans nos belles communes bruxelloises, sur les gens… On a donc commencé par Koekelberg, Watermael-Boitsfort, Uccle, Jette, Laeken, Bruxelles, Forest, Auderghem, Ixelles et maintenant Schaerbeek et on essaiera de le faire pour les 19 communes. On essaiera car on n’est pas présents dans toutes les communes.

D’ailleurs, si tu habites une des dix-neuf entités, que tu as envie de raconter ce qu’il se passe tout près de chez toi quand tu sors faire tes courses : WELCOME. Un petit mail et c’est parti!

3 COMMENTS

  1. Très satisfait de cet article, pour ma part durant le confinement j’ai fait beaucoup d’achat pour ma maison !

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