le feuilleton de l'hiver 9 : le fantasme placentaire

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Griz venait de laisser Monsieur Détecteur. Elle l'avait raccompagné jusqu'à sa camionnette de livraison, dans laquelle il avait aménagé un lit d'appoint, qu'il utilisait les soirs…

Toutes sortes de soir.

Les soirs où il n'avait pas envie de . (C'était arrivé une ou deux fois, pendant son aventure avec l'indignée, qui lui voulait du bien, mais lui faisait du mal.)

Les soirs où il était cuit. Un homme qui boit ne peut pas toujours conduire. (En plus, Monsieur Détecteur n'aimait ni conduire, ni boire.)

Les soirs où il était triste. (Ã?tre dans l'habitacle de la camionnette avait toujours eu un effet relaxant sur lui, à tel point que lors des quelques séances de psychothérapie qu'il avait suivies, après avoir sa rupture dévastatrice avec la femme-de-sa-vie-qui-ne-voulait-plus-de-lui, son thérapeute lui avait parlé de 'fantasme placentaireâ?, à propos de son véhicule, ce qui l'avait complètement décidé à arrêter les séances.)

Les soirs où il avait envie de réfléchir.

Les soirs où il était sous la couette en train de tweeter et où il se disait que Philip K Dick ne serait pas fier de lui.

Les soirs où, dans un sursaut poétique toujours vivace, il rédigeait ses mémoires en série d'aphorismes abscons mais hypers politiques, que tout le monde aurait intérêt à méditer.

Les soirs…

(Les soirs où il s'endormait, et après, c'était le matin.)

Ã? suivre

Aliette Griz

Ã?pisodes précédents :

8

7

6

5

4

3

2

1

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