Le feuilleton de l’hiver 3 : Fabiola au pays des merveilles

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1934

Mais la morne monotonie de l'hiver à Bruxelles ne me faisait pas peur. Je l'attendais tous les ans. Parce que l'hiver, comme la nuit, à part lancer des sapins, j'attends. (Il y en a qui mentent. Chacun son truc.)

C'est une de mes saisons préférées, pour ça : l'attente. Il faut limiter l'action, à quelques activités incontournables (Sapin Party, par exemple). Contrairement à l'été, qui est une saison agitée, et l'automne, qui est la saison des reprises en main (c'est mon histoire, je dis ce que je veux sur les saisons), l'hiver n'a rien à prouver. Inutile de déployer un esprit d'initiative voué aux flocons, bien que l'altruisme soit toujours un plus.

La fin du monde n'avait pas eu lieu, certes, ce qui simplifiait un peu les choses. Je ne raconterais donc pas l'histoire de quelques survivants déglingués dans une ville dévastée. (Ã?a aurait pourtant eu de la gueule. Bart de Wever aurait pu être devenu complètement altermondialiste, les convictions grillées par le souffle de la fin.)

Je cherchais, je cherchais, et je savais que je trouverais. (Et même si je ne trouvais pas, je l'écrirais quand même.) Mais, alors même que ça se précisait tout ça : le sapin avait volé bien haut, et j'étais sure que la vie valait le coup d'être vécue, pour la deuxième fois depuis le début du feuilleton, je me cassais la gueule en temps réel, alors que j'avais réussi un lancer assez convaincant.

Non, on ne pouvait pas dire que j'étais douée pour les sports de précision. Oui, j'avais les fesses au sol, et aucune idée pour commencer ce nouveau feuilleton qui attendait d'être raconté. Alors j'avais pensé à la reine Fabiola. Comme ça. Presque sans m'en rendre compte. Et j'avais eu envie de suivre le lapin qui me guiderait vers une des ces absurdes histoires où l'héroïne a sérieusement besoin d'être
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recadrée, dans un décor qui n'a peur de rien.

On y va ?

 

Ã? suivre

Aliette Griz

épisode précédent :

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