Le feuilleton de l’hiver 7 : co(p)uler c’est pas jouer

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Les sapins étaient maintenant tout à fait secs sur les trottoirs. Ã?a faisaient de drôles de structures assez compliquées et vaguement sinistres, que la fille très belle contournait chaque soir en rentrant dans l'appartement qu'elle partageait toujours avec le Flamand.

Elle aussi avait aimé jouer à Sapin-Party, seule ou à plusieurs (c'était l'avantage du jeu, il était polyvalent.) mais depuis que les troncs avaient atteint l'état de sécheresse qui précédaient la pulvérisation, on s'amusait moins. (Dommage.)

Oui, leur couple avait passé l'automne, même s'ils n'étaient pas venus se joindre au groupe de malades de la salle d'attente du feuilleton qui précédait. (l'épidémie n'avait touché que les voteurs et le Flamand et la fille très belle se fichaient des élections.)

Oui, leur couple avait connu des difficultés, et ils avaient souffert. Il y avait eu des matins sans amour, des cris, des doutes, ils avaient parlé aux murs, tourné sept fois leurs langues dans leurs bouches, et tout envisagé : un séparatisme radical ou un compromis de plus. Pourquoi continuer à se faire du mal ? On ne vit pas ensemble pour se détester. (Quoiqu'un peu de masochisme ne soit jamais exclu de toute tentative humaine.)

Finalement, 'ensemble, c'était plus beau.â?

Le Flamand l'avait déclaré un jour que Bart de Wever agitait les esprits avec autant de délicatesse qu'un populiste assoiffé de convictions : un pays, faut de l'amour pour que ça tienne.

De l'amour, ils en avaient retrouvé. Un peu partout, ils le faisaient, pour bien s'assurer qu'ils s'aimaient encore. Lit, sol, table, baignoire. Toutes les surfaces les appelaient à aplanir leurs différences.

 

Ã? suivre

Aliette Griz

Ã?pisodes précédents :

6

5

4

3

2

1

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