Mobilité : quelques pistes de réflexion

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Viaduc Hermann-Debroux fermé, peut ont lire sur le site de Bruxelles Mobilité. La mobilité à cette entrée de Bruxelles va être LE débat des prochains jours… voire des prochaines semaines ou des prochains mois. Pour les navetteurs, qui sont des dizaines de milliers par jour à prendre cette voie pour venir travailler à Bruxelles, c’est une véritable catastrophe. Sur les réseaux sociaux, les premiers messages commencent à poindre alors que la nouvelle n’a que quelques heures. Après le JT de 13h, cela va certainement fuser.

« Bruxelles Mobilité conseille aux navetteurs d’éviter d’entrer/sortir dans/de Bruxelles via la zone Delta et plutôt circuler via le Ring et Tervuren. Pour la circulation locale, les déviations sont les suivantes : dans le sens sortie de ville, via l’avenue Beaulieu et l’avenue Hermann-Debroux ; dans le sens entrée de ville via la chaussée de Wavre. Mobiris, le centre bruxellois de gestion de la mobilité, suivra de près l’évolution du trafic dans la zone et adaptera la programmation des feux de circulation en fonction. »
Ok, mais encore ?

Je me doute que personne ne nous a attendus pour réfléchir aux solutions à mettre sur la table pour rémédier aux problèmes de mobilité. Je n’ai d’ailleurs pas la prétention de révolutionner quoique ce soit : je pense que la plupart desdites solutions sont déjà là que ce soit dans des beaux et parfois vieux dossiers ou que ce soit sur le terrain, mais pas toujours déployées comme il le faudrait.

La mobilité à Bruxelles : il est temps de prendre des décisions

Où sont les parkings de dissuassion dont on nous parle depuis au moins 2O ans ? Si ce n’est pas une solution à court terme, on ne parle pas non plus de construction de voies de train sur des kilomètres. Le Plan Régional de Dévéloppement Durable préconise, début 2017, « 25.000 places de parking dit de transit pour permettre aux automobilistes navetteurs de laisser leur voiture à l’entrée de Bruxelles et de prendre les transports en commun qui seront développés à ces endroits ». Pendant ce temps-là, Pascal Smet lui a annoncé la création de 5.000 places. Ok, où sont les 20.000 autres ? L’association Droit de Rouler et de Parquer a réagi dans La Libre : « La concrétisation des annonces reste fort partielle et n’offre pas une vraie alternative aux navetteurs. » Quid d’une politique volontariste à ce sujet. Evidemment, il serait fort logique que cela soit payé par le Fédéral et les Régions wallonne & flamande. Les Bruxellois n’étant pas les destinataires de l’oeuvre. La probable mise à mort du viaduc Hermann-Debroux doit être l’occasion de remettre tout le monde au tour de la table pour ce dossier épineux.

Ne parlons pas du RER. Tout le monde sait pertinement bien que la gestion de ce dossier est un échec, surtout côté francophone de la Belgique. Il n’y aura rien avant un moment. Mais parlons, par exemple, de l’offre suburbaine de la SNCB : il y a 31 gares dans Bruxelles, empruntées par des train S. Une espèce de mini-RER. Trop peu nombreux sont les gens qui connaissent son existence et il n’y a de toute façon pas assez de trains qui circulent. N’est-ce pas le moment de mettre un GROS coup d’accélerateur sur un projet de train qui possèdent déjà les voies et les gares ? Allez, communication tout azimut, plus de train et gares aux moins repeintes.

La Stib est déjà un acteur important de la mobilité bruxelloise. Elle doit le devenir encore plus. Comme doivent le devenir encore plus le Tec et De Lijn. Sans trop fantasmer le métro. Qui coûte beaucoup trop cher et demandent beaucoup trop de permis. Le tram par contre est vraiment l’outil qui offre le meilleur rapport coût/qualité/temps de travaux. Mais les bus ne sont pas à négliger non plus. Bien au contraire, surtout que ce sont les lignes qu’on peut mettre le plus rapidement en place. D’ailleurs Tec et De Lijn amènent déjà bon nombre de Belges vers Bruxelles le matin et les ramènent dans leurs pénates en fin de journée. Augmentons le nombre de ces bus. De nouveau, la question du viaduc doit être un momemtum à saisir par tous pour donner un nouveau souffle aux connexions interrégionnales.

« Actuellement, Villo! dénombre un parc de 5.000 vélos pour 354 stations, réparties sur les 19 communes bruxelloises », peut-on lire sur le site de la RTBF. Près de 110.000 personnes étaient abonnées. Saluons aussi l’arrivée de oBike et de Billy Bike. Il y a ici une piste énorme à creuser : le nombre de ces vélos partagés doit clairement augmenter comme doit le faire le nombre de vélos. Ce qui entraîne qu’il faille accélérer les travaux de sécurisation des cylistes à Bruxelles. Le vélo est l’une des solutions principales. Le politique doit donner un coup d’acccélérateur.

N’oublions pas VER, pour Vélo Express Régional, dont Ploum parlait sur Medium en 2016 : « D’Ottignies à Bruxelles (gare de Boitsfort), il existe donc une véritable route goudronnée, lisse, plate, sans aucune côte et sans aucun trafic. Cette route en parfait état ne s?approche jamais à moins de trois mètres des voies de chemin de fer et en est toujours séparé par une bordure et un écran minimal de végétation. Nous l?avons baptisé le VER, Vélo Express Régional ». Il ne faudrait pas grand chose pour l’activer. UPDATE « Le VER est une fausse bonne idée », selon Frédéric Sacré porte-parole d’Infrabel que j’ai eu au téléphoné ce 10 octobre. Pas que’Infrabel soit opposé au VER, m’a-t-il expliqué. « Mais il était hors de question de laisser des gens circuler à 2-3 mètres des voies sans une séparation physique, comme un mur ou une clôture. » Prix pour une telle séparation : « Selon nous rien en-dessous de 100.000 euros ». Et d’ajouter : « Somme que nous n’avons pas pour un tel ouvrage surtout qu’il n’aurait été que provisoire. Le ministre Bellot ayant annoncé qu’un budget devrait être débloqué au printemps 2018. Dès que ce sera le cas, les travaux recommenceront et il n’aurait plus été question que des vélos passent. » Fausse bonne idée ? Bonne idée ? On le saura quand les travaux du RER recommenceront. Mais il serait quand même intéressant d’avoir une vraie estimation des travaux et se poser la question de savoir si le vélo le mérite pas qu’on dépense plus d’argent pour lui faciliter la vie… Fin de l’update.

Quand les horaires de travail seront-ils plus flexibles ? Pourquoi tant d’entreprises obligent leurs employés à venir au travail de 9h à 17h ? Pourquoi ne pas proposer à une partie d’entre-eux de commencer dès 6h du matin et de finir à 14 h ? Ou pourquoi pas 14h-22h ? A chaque fois, ils pourraient se rendre au boulot sans la moindre circulation, ce qui est serait tout bénef, pour l’entreprise, pour l’employé et pour la circulation globale.

La mobilité se gère aussi par l’absence de mobilité ou la réduction de mobilité. Je pense qu’il va falloir encore plus penser au homeworking ou peut-être au coworking près de chez soi. Si le homeworking commence à se faire une place au soleil dans bon nombre d’entreprises, ce n’est pas encore devenu une généralité. Ne pourrait-on pas envisager une campagne nationale de promotion de cette forme de travail ? Après, je suis bien d’accord que cela ne convient pas à tout le monde et c’est pour cela que je parle aussi de coworking. Des employés d’une même entreprise ne peuvent-ils pas travailler ensemble mais sans venir à Bruxelles, soit dans un hub de la société voire même dans un espace de coworking.

On a déjà plusieurs fois parlé de réserver des bandes d’autoroutes aux voitures comptant plus d’un passager. Afin de pousser le covoiturage. N’est-ce pas le bon moment pour tester cette proposition ? Ou toute autre qui favorise le covoiturage.

Même si ce n’est pas la solution pour éviter la congestion automobile dans et autour de Bruxelles, il ne faut pas non-plus négliger le car-sharing, en forte augmentation à Bruxelles. Le gros avantage des voitures partagées, c’est évidemment qu’elles permettent de diminuer le nombre global de véhicules, même si cela n’en retire pas forcément des routes. Je vous conseille l’article de Flexyflow si l’expérience vous tente.

To be continued…

Vous l’aurez compris, je suis tout sauf un pro-voiture. Néanmoins, je sais très bien que les gens habitants en-dehors de Bruxelles n’ont pas l’opportunité de se passer de leur véhicule motorisé. Il faut qu’on trouve des solutions. Pour la mobilité et pour l’air que respirent les Bruxellois. Et quand je parle de solutions, je parle de solutions positives et c’est pour cette raison que je n’ai pas parlé du péage urbain, qui pénaliserait les moins fortunés.

Voilà, comme je l’ai déjà écrit, ce billet n’a pas vocation à révolutionner le game, c’est juste une envie d’alimenter la discussion autour de la mobilité vers et dans Bruxelles. Il faut voir la fermeture du viaduc Hermann-Debroux comme une opportunité pour résoudre les problèmes structurels de la mobilité Bruxelloise. Je ne dis pas, ni ne pense, que cela sera facile mais il faut trouver un accord global pour retirer une bonne partie de la pression automobile dans et autour de Bruxelles. N’hésitez pas à nous faire des propositions à ajouter dans la liste ci-dessus.

Martins Zemlickis Photo by Martins Zemlickis on Unsplash.

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