Les espaces publics sont actuellement des points potentiels d’échanges d’information qui vont jusqu’à remplacer le partage de relations et de sensations entre les membres de la société. Chaque jour, nous faisons face à une sorte de spam urbain, conséquence de la transformation des espaces publics en interfaces digitales de publicité.
Cette irruption d’information contamine nos vies quotidiennes et transforme les villes en lieux remplis de banner / pop-ups où les habitants ne seraient plus que des entités devenues des automates uniquement intéressés à consommer à travers des images.
Pour contrer ce phénomène invasif, le street art redéfinit les espaces publics en utilisant les façades de bâtiments comme des lieux d’expression expérimentale sensorielle et d’échange social.
A Bruxelles, bon nombre d’initiatives de street art existent (par exemple, le cas des graffitis MAD, d?une façon plus spontanée et anonyme), au point que l?échevine de la culture de la ville de Bruxelles veuille « les placer comme l?une des priorités de sa législature »
Dans le cas spécifique d’Uccle, c’est plutôt une initiative institutionnelle où l?artiste peintre Benjamin de Backer ( que j’ai rencontré pour en savoir plus sur ce projet) utilise des bornes électriques pour, en paraphrasant Deltour, Dubrunfaut et Somville dans son « Manifeste de Forces Murales » (1947) « faire sortir l?art des chemins battus de la tradition académique et des spéculations esthétiques gratuites de la peinture de chevalet » pour la déplacer « là où passent et vivent les hommes » (Madeira Cortes, UrLab) :

«La commune d’Uccle a fait un appel à projets pour refaire toutes les bornes électriques Sibelga et c?est dans ce contexte qu’il y a un an j’ai proposé un projet où chaque borne serait transformée en une sorte de miroir de la rue où tous les éléments présents seraient représentés sous forme d’une abstraction, une peinture qui s’inspire de ce qu’il y a autour d?elle » raconte de Backer.

« Chaque borne est unique dans sa conception, constitution et interprétation sociale face à cette pollution publicitaire où l’image détermine notre façon de consommer, de vivre et des choix qu?on fait, on est dépendant de tout et on ne contrôle pas nos envies. C?est ça que je trouve intéressant dans cette initiative, l’art reprend une place importante dans le paysage urbain au lieu d’être juste dans les musées : une borne électrique c’est assez sobre comme matériau, ce n’est pas quelque chose
de précieux en soi, mais qui devient précieux au moment où cet objet resignifié par l’art, entre en dialogue avec les gens. »
Le projet dispose d’un parcours qui comprend toutes les rues principales d’Uccle, à savoir, une cinquantaine de Bornes au total.
Par le moment nous pouvons apprécier treize bornes:
- Croisement Avenue De Fré et Avenue Henri Elleboudt
- Croisement Avenue De Fré et Rue Rouge
- Croisement Avenue De Fré et Avenue du Manoir.
- Avenue de Fré 66
- Avenue de Fré 64
- Croisement Avenue Houzeau et Groeselenbergstraat I
- Croisement Avenue Houzeau et Groeselenbergstraat II
- Croisement Avenue Houzeau et Avenue de Fré (Withe Night).
- Croisement Avenue Circulaire et Avenue De Saturne.
- Croisement Avenue Circulaire et Avenue De l?Observatoire.
- Croisement Avenue Circulaire et Avenue Houzeau.
- Croisement Rue du Postillon et Rue des Fidèles
- Croisement Square des Héros et Avenue Brugmann