Le message de l’électeur

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2008

Une petite mise en bouche pendant que je prépare des billets « de fond »…

On s'expose à plusieurs risques, quand on s'intéresse aux élections, certainement si on est électeur soi-même. Sans doute le premier est de croire que l'électeur moyen existe. L'autre est de vouloir appliquer aux autres électeurs ses propres logiques. Le résultat de l'élection est la somme de voix individuelles qui s'expriment pour des raisons parfois fort différentes et il serait absurde de vouloir trouver une signification à l'ensemble.

De même, le seul message que l'électeur donne correspond à la case qu'il coche. Ses intentions sont inconnues ; le vote est secret et non motivé. Prétendre, le soir de l'élection, que l'on a compris « le message de l'électeur » relève de l'imposture ou de talents de voyance bien cachés. Le seul moyen de connaître les intentions de l'électeur, les motivations de son vote, est de lui poser la question et cela se fait de moins en moins souvent de manière sérieuse (je vous renvoie aux travaux du PIOP).

Puisque des coalitions sont souvent nécessaires (même si c'est moins le cas au niveau communal qui nous occupe ces jours-ci, comme à Auderghem, à Etterbeek, à Koekelberg, à Saint-Gilles, à Saint-Josse, à Uccle, à Woluwe-Saint-Lambert et à Woluwe-Saint-Pierre, où ' en termes de sièges ' une liste disposait d'une majorité absolue), on tente de justifier le choix du partenaire par le résultat de l'élection, or ce n'est pas parce que deux listes sont arrivées en tête que cela signifie qu'il y aurait une volonté dans le chef des électeurs d'adopter une telle coalition. D'autres peuvent d'ailleurs répliquer que cela montre bien à quel point « l'électeur s'oppose à l'autre liste ».

Vous pouvez donc être un observateur politique talentueux, un mandataire politique expérimenté, un citoyen informé, sans données postélectorales sérieuses, il est impossible d'expliquer le vote de votre voisin et il est illusoire de vouloir lui appliquer les schémas explicatifs de votre choix. Ce n'est pas parce que vous souhaitez le changement, l'alternance ou une femme au pouvoir (ou parce que des sondages l'annoncent), que les autres électeurs adoptent votre point de vue (ou qu’ils suivent la tendance du dit sondage).

3 COMMENTS

  1. Bon OK pour le changement ou l’alternance mais une femme ! Alors là je dis non ! Ca va beaucoup trop loin…

  2. Ah! tiens, je ne comprends pas pourquoi la somme des logiques individuelles ne permet pas de parler de logique « collective ».
    Il y a des tendances collectives, au delà des vraies (mais parfois minimes) différences individuelles. Il y a des tendances par commune, par quartier, par époque…
    De mon côté, si je vote, c’est aussi pour que ma petite voix individuelle permette à une logique collective de s’exprimer…

  3. Oui, Griz, il y a des tendances collectives, mais seule une étude sérieuse peut la mettre en évidence. On est sorti de la logique qui expliquait le vote par l’environnement, la classe sociale etc… Aujourd’hui, les modèles explicatifs du vote font la part belle aux individus. La société a évolué aussi. L’électeur est plus volatil, moins fidèle à un parti (celui de ses parents!).

    Le sens de ce message était de dire que la lecture dans les boules de cristal le soir des élections ne permet pas de décrypter les motivations du vote. Il faut un travail sérieux pour cela.

    Et @Waldord: mince qu’ai-je dit? Je devrais tourner mes pouces un peu plus longtemps avant d’écrire!

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