L’avenir de la forêt de Soignes

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par Benoît LESEUL.

Bruxelles a la chance extraordinaire de disposer d’une forêt à domicile : la forêt de Soignes. Elle couvre à elle seule 10% du territoire de Bruxelles-Capitale, et est partagée entre les trois régions du pays (40% à Bruxelles, 50% en Flandre, 10% en Wallonie).

Exceptionnelle à plus d’un titre, elle est classée depuis 1970 et aujourd’hui zone Natura 2000 de l’Union Européenne. Elle est notamment renommée pour sa gigantesque « hêtrée cathédrale » plantée à l’époque autrichienne (jusqu’en 1785).

S’il ne s’agit pas d’une forêt primaire, car elle a longtemps exploitée pour le bois et la chasse, elle n’a néanmoins jamais été rasée pour être consacrée à l’agriculture, ce qui lui permet d’avoir encore le sol et le relief d’origine.

Il y a une dizaine de jours, Bruxelles Environnement (aka l’IBGE) organisait une soirée débat à la maison haute de Boitsfort concernant l’avenir de la forêt. Je m’y suis retrouvé un peu par hasard et je n’ai pas vraiment pu prendre de notes structurées, mais vu l’affluence dans la salle le sujet intéresse beaucoup de monde.

Beaucoup semblaient inquiets car la région de Bruxelles, qui gère via Bruxelles Environnement 38% de la forêt, envisage l’élaboration d’un nouveau plan de gestion suivant celui établi en 2003 et qui réduirait de manière importante la « hêtraie cathédrale ». Le plan de 2003 prévoit déjà sa réduction de 65 à 50% de la forêt. Les études réalisées depuis, notamment la canicule dévastatrice de 2003, semblent démontrer que ce ne sera pas suffisant pour préserver la forêt dans les siècles à venir, notamment si l’on prend en compte les changements climatiques.

Le hêtre, en particulier, supporte mal la sécheresse et les vents importants. Les prévisions à long terme (2100), mais qui pour un arbre planté aujourd’hui représentent moins de la moitié de sa vie, s’orientent vers une augmentation des périodes de sécheresse comme celle de 2003 (jusqu’à une année sur trois) et une diminution de moitié des précipitations en été. De plus, des tempêtes comme celles de 1990 (140 Km/h) créent des trouées et des « couloirs de vent », qui s’étendent ensuite inexorablement dans toutes les directions. La probabilité de ces tempêtes augmente également. Pour éviter ces destructions, il faudrait des plantations plus diversifiées dans les zones exposées de la forêt, et les hêtres bicentenaires ne pourraient à terme être conservés que dans les cuvettes et les pentes bien abritées.

Un intervenant faisait aussi remarquer que même sans intervention, la forêt change progressivement. Au lieu du tapis de feuilles mortes uniforme qu’on pouvait y trouver il y a une vingtaine d’années, on commence à voir toutes sortes de plantes dans les sous-bois. La raison probable en est la perte de feuillage importante des hêtres, qui laissent ainsi passer plus de lumière vers le sol. L’IBGE a commencé à déjà commencé à prendre en compte ces observations
en plantant une variété de chêne différente, plus résistante à la sécheresse. En effet, par un heureux hasard (?), le plan de 2003 prévoyait simplement d’utiliser du chêne, sans plus de précisions.

Je n’ai pas trouvé les présentations en ligne, mais des versions plus complètes sont consultables en bas de cette page :
http://www.ibgebim.be/Templates/news.aspx?id=25410&langtype=2060&site=pr

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