Quartier Midi: la faillite de l'urbanisme

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En 2009, cela fera 20 ans qu’aura débuté la saga du Quartier du Midi ou le fiasco de la politique urbanistique dans cette portion de la capitale. Pour fêter l’anniversaire de ce dossier maudit, une exposition est organisée du 15 janvier au 15 février 2009 au Pianofabriek. Deux décennies après la promesse d’une zone rénovée et revitalisée, le résultat est toujours aussi affligeant: les dents creuses rivalisent de laideur avec les chancres, les immeubles abandonnés et les chantiers qui tardent à surgir des gravats. Vidé de sa population de pauvres et d’immigrés, le quartier du Midi devait être une vitrine internationale pour la ville. En réalité, les rares bureaux construits n’ont jamais attiré que des rares administrations publiques. Quant aux logements, aux fonctions de loisirs et aux commerces, ils se comptent sur les doigts. Chaque jour, des milliers de voyageurs débarquent à Bruxelles, en provenance de l’ensemble du pays et de l’étranger, pour y découvrir un spectacle idyllique de « la capitale de l’Europe« .

Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Avec une dose d’humour probablement involontaire, le Plan de Développement International du gouvernement Picqué fait de cette portion de territoire, un « pôle business du futur » (sic). Petits détails qui méritent l’attention : la question de l’indemnisation des habitants n’a toujours pas été totalement réglée, près de 15 ans après l’arrivée du TGV à Bruxelles ; hormis les rares promoteurs privés, il n’existe pas une seule ligne de budget régional pour transformer la zone en un Canary Wharf bruxellois ; même les projets de logements promis depuis belle lurette ne sont toujours pas sortis de terre.

Bientôt 20 ans de galère au Midi, 20 ans….

Crédits photos: Tribune de Bruxelles.

4 COMMENTS

  1. Il est étonnant de constater le parallèle que l’on peut faire avec le quartier Nord des années 70. Même destruction sauvage, même blanc-seing donné aux promoteurs immobiliers et même chancre, pour combien d’années encore et pour quoi: Une zone de « non-vie » réservée aux bureaux et déserté dés 19h.

    De manière générale, il est effarant de constater que la « bruxelisation » de notre tissu urbain continue. J’en veux pour seul exemple l’affreuse « mini tour » construite place Breughel, en plein coeur du Bruxelles historique…
    Il est vrai qu’après avoir construit l’ascenseur, il n’y avait plus grand chose à sauver…

    Nos « responsables » urbanistiques n’apprendront donc jamais…

  2. En revenant de Berlin en train l’an dernier j’étais assez amusé par d’autres touristes dans le même compartiment. Après être passé par Liège Guillemins (la Sagrada Familia wallone qui ne sera peut-être jamais terminée) et Louvain, ils s’attendaient à des gares grandioses à Bruxelles. Mais non, la Gare du Nord et ses quais, la Gare Centrale toute glauque et la Gare du Midi avec ses beaux quais pour les internationaux et ses quais en ruine pour la populace…

  3. Un des gros dossiers que j’ai suivi quand je suivais l’actualité bruxelloise… ai toujours été étonné par les réponses obtenues des autorités communales et régionales, c’est-à-dire de l’équipe Picqué.

  4. « Faillite de l’urbanisme » est une façon de présenter les choses qui a un gros inconvénient. Car à supposer que le projet ait su attirer des investisseurs en temps et en heure comme les responsables politiques l’espéraient, aurait-on dû titrer : « succès de l’urbanisme » ? Un peu à la manière de François Robert, laudateur semi-officiel au journal Le Soir des stratégies spéculatives foncières de la Région (et préposé à l’amnésie politique et sociale?), qui dissertait ses jours derniers sur le « succès » du Quartier Nord (sous prétexte que le Manhattan bruxellois était enfin sorti de terre au bout de… 50 ans!) que le Midi serait en passe de reproduire…

    A trop parler d’urbanisme, de dysfonctionnements, d’incompétence et de sous-financement, on élude le problème de base : du point de vue du droit au logement, il n’est pas légitime de raser un quartier d’habitation pour y construire des bureaux, pas plus d’ailleurs que du point de vue du droit de propriété il n’est légitime d’exproprier des logements pour construire un Novotel pour « cause d’utilité publique » comme c’est le cas au midi. C’est une violation de la Constitution belge (et non un « abus » de l’utilisation de la loi d’expropriation), de la Convention européenne des Droits de l’Homme et du Pacte pour les Droits Economiques et Sociaux des Nations-Unies. Bref des responsables politiques ont violé le droit des gens dans cette affaire, à se demander si la Capitale de l’Europe ne serait pas un peu bananière.

    A trop faire du quartier Midi une affaire locale, on risque aussi d’oublier que dès que des pouvoirs publics ou privés et/ou publics-privés se mettent à saliver sur la valorisation foncière de zones habitées par la modification de l’affectation du sol (habitat en bureau) et des droits à bâtir en hauteur, dans un contexte où les droits fondamentaux sont insuffisamment protégés, aucun citoyen ordinaire n’est à l’abri des pelleteuses, ni de se retrouver un jour à la rue en période de crise (provoquée d’ailleurs par la spéculation sur le logement transformé en pur produit financier)

    C’est la responsabilité des bruxellois que de demander des comptes à des responsables politiques qui jouent avec le foncier au détriment des besoins de base de la population et à un mouvement collectif que d’imposer le respect des droits face à la toute puissance des promoteurs, de la finance et de leurs alliés politiques.

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