Le Spleen bruxellois de Baudelaire

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Baudelaire

Cette année, nous fêtons les 150 ans de la mort du poète que fut Charles Baudelaire. Saviez-vous que ce dernier avait passé plusieurs années en fin de vie à Bruxelles ? Et que, malheureusement, il n’a pas adoré notre ville ? Ce dégoût, il l’a écrit dans un pamphlet, Pauvre Belgique, que nous aimons nous rappeler avec un sourire au coin de la bouche empreint d’amusement et de tristesse.

« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers. »

Les Fleurs du Mal, l’Albatros, Baudelaire.

Le dégoût de Baudelaire pour Bruxelles

Qui aurait cru que l’auteur de ces vers, même mélancoliques, aurait aussi été capable d’écrire : « Tous les Belges, sans exception, ont le crâne vide » Pauvre Belgique exprimant une haine et un dégoût certain pour la Belgique et plus particulièrement pour Bruxelles. Pourtant cette ville ne ressemblait pas à ce que nous connaissons actuellement, avec ses petites maisons moyenâgeuses, ses ponts et la Senne encore à ciel ouvert (photos, Maison du Roi, Grand-Place de Bruxelles).

Même si nous pouvons facilement imaginer l’atmosphère parfois malodorante de la Senne qui servait d’égoût comme Süskind (Le Parfum) aurait pu le décrire comme « l’endroit le plus puant du monde« , Bruxelles devait avoir un charme dans ses ruelles serrées et ses marchés qui servaient de plaques tournantes du commerce de toutes sortes de marchandises.

Baudelaire y resta de 1864 à 1866, espérant avoir plus de succès qu’en France mais son expérience ne se serait soldée que par des échecs. La seule personne qui semble avoir trouvé grâce à ses yeux aurait été Félicien Rops.

Il habita rue de la Montage, dans un hôtel (Grand Miroir) qui n’existe plus actuellement. C’est après une soirée arrosée place royale, que son hémiplégie se serait déclarée. Une année plus tard, le poète décédait à Paris, dans les bras de sa mère, de la syphilis.

Dans le fond, cet esprit déjà mélancolique et excentrique n’a fait qu’essayer de traduire par le langage, toutes ses déceptions qu’il a transférées quasi par métonymie à la ville où il logeait.

Un acte poétique par excellence

La métonymie étant un effet de style, celui de remplacer un concept par un autre avec lequel il est en rapport par un lien logique sous-entendu : Bruxelles est aussi affreuse que la vie qu’il a eue. Les Belges était bêtes, les femmes lourdes et grossières, les boissons régionales atroces. Même le Roi n’arrivait pas à rassembler son peuple, tellement il manquait d’élégance. Le tout dans un atmosphère un peu pataud (Citations, Expo Baudelaire, Maison du Roi, Grand-Place)

Pour aller plus loin
  • Jean-Baptiste Baronian, auteur du récent essai « Baudelaire au pays des Singes » ;
  • Bruxelles anecdotiques (blog) pour découvrir les lieux que Baudelaire fréquentait ;
  • Balades Sur les traces de Baudelaire : chaque dimanche à 15h, en français ;
  • Conférences Les Jeudis de l’histoire : 5 conférences sur Baudelaire, l’homme, l’écrivain, ses rencontres, ses passions ;
  • Les Midis de la Poésie : le mardi 16 janvier 2018, Exploration Baudelaire, spectacle autour des Fleurs du Mal (Cie du Simorgh) ;
  • Museum Night Fever : le samedi 3 mars 2018, lecture intégrale des Fleurs du Mal ; 
  • Expo Baudelaire sur la Grand-Place de Bruxelles
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Je suis assez âgée pour avoir connu l'époque sans GSM et sans Internet. Juste que maintenant je ne peux pas me passer ni de l'un ni de l'autre. Je n'ai pas toujours vécu à Bruxelles mais c'est dans cette ville que mes parents qui viennent d'endroits fort éloignés sur le globe ont choisi un jour de s'installer. Ils n'y sont plus mais moi j'y suis restée.

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