A la découverte de l’identité sonore de Bruxelles

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Chaque ville a ses bruits. Bruxelles a les siens avec les bus qui cavalent sur les pavés, les conversations dans plusieurs langues dans les transports en commun, les légers ronronnements de la ville qui se réveille au rythme des voitures souvent immobilisées dans la circulation. Ces bruits et ces sonorités font partie entière de son identité car nous ne les retrouvons nulle part ailleurs et lorsque nous revenons d?un voyage, ils font juste chaud au c?ur : nous sommes chez nous, à Bruxelles.

D?où l?intérêt du projet bilingue « Bna-bnot » (Bruxelles nous appartient) qui a pour objectif d?archiver cette identité sonore. C?est avec beaucoup de plaisir que nous pouvons découvrir sur leur site internet la carte sonore de Bruxelles. Des voix qui résonnent dans une piscine, les talons extravagants dans la galerie Horta, une foule de touristes devant le Janneke Pisse? ces moments nous les avons tous un peu vécus et font partie de notre mémoire corporelle qui sourira ou frissonnera en entendant les différentes ambiances bruxelloises.

Dépasser la mémoire visuelle et trop restrictive de l?histoire de ce qui est vu au travers d?un seul sens, à savoir, les yeux.

Voilà, un des autres objectifs de cette collecte de sons qui se veut d?écrire une autre histoire qui serait plus démocratique car aucune condition ne serait requise pour prendre la parole, surtout grâce à la discrétion de la technique (micro). Celle-ci permet de capter des ambiances sonores qui resteraient invisibles car éphémères. En effet, ces moments se passent et disparaissent aussitôt sans que nous puissions les répéter. Leur enregistrement rendrait visible ce qui ne l?est pas pour l??il.

Sur ce même site, nous sommes aussi invités à nous promener dans différents quartiers accompagnés d?audioguides accessibles et téléchargeables pour tous.

Je vous invite à y découvrir la balade des quais pilotée par Arkadia. Plusieurs voix ont été récoltées pour parler de ce quartier qui s?étend de la place de l?Yser au Nouveau Marché aux Grains : les enfants des écoles du Canal et Kleurdoos ainsi que leurs instituteurs, les animateurs d’Arkadia, les habitants du quartier, un historien, etc. La balade nous promène au rythme des souvenirs historiques, culturels et des ambiances sonores pour se terminer sur la légende de la frite intimement liée à la vie de ce quartier d?arrivage de poissons qui a connu la diète : « Je suis longue, jeune, dorée et chaude (?) : je suis une frite. »

Dans ce sens, c?est aussi sur la tradition orale que l?initiative veut attirer l?attention que ce soit en partageant des petites histoires ou encore en participant à un projet de récolte de l?héritage (oral) Peulh. Ou encore, garder en mémoire, les souvenirs de ceux qui commencent parfois à la perdre avec ce projet autour des résidents du home « Aux Ursulines » .

Enfin, en plus de leur bibliothèque sonore, Bna-bnot propose aussi des outils pour apprendre la langue française de manière vivante et créative, c?est-à-dire, comme elle se vit à Bruxelles avec « ses marqueurs multiculturels ».

Comme nous pouvons le voir, ces parcours sonores récoltés sont là pour nous rappeler notre affection à notre ville et développer une autre perception de notre environnement. La matière qui nous est donnée à entendre est ce son, tous les sons qui nous touchent. Ils sont consultables sur le site de bna-bnot et peuvent être enrichis par toute personne désirant y rajouter une tonalité.

Crédit photo : Ferdinand Feys, « Bruxelles ? 12 jul 2014?, Creative Commons by-nc-nd

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Je suis assez âgée pour avoir connu l'époque sans GSM et sans Internet. Juste que maintenant je ne peux pas me passer ni de l'un ni de l'autre. Je n'ai pas toujours vécu à Bruxelles mais c'est dans cette ville que mes parents qui viennent d'endroits fort éloignés sur le globe ont choisi un jour de s'installer. Ils n'y sont plus mais moi j'y suis restée.

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