Bruxelles si c’était Alessandro

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Photo par Olivier Justin.

Mon premier souvenir de Bruxelles est absolument impossible à retrouver… J’ai beau être italien pure souche, je suis né ici, plus précisément à Schaerbeek. Mon sang est emprunt de dolce vita mais mon coeur est un bon vieux melting pot comme seuls les Bruxellois en ont le secret.

Bruxelles est une ville qui me donne toujours une impression en demi-teinte, douce-amère. Parfois je l’adore, parfois elle me rend dingue. Selon le jour. Selon l’humeur.

J’aime la chaleur de ses habitants, ne dit-on pas que Bruxelles est un village après tout ? Mais ce village est parfois impersonnel et égoïste… je ressens le chacun-pour-soi par moments – pas une tare en soi – mais à des moments où la solidarité me semble plus de mise.

La courtoisie et la prudence du Bruxellois sur la route en font à la fois un terrain agréable les jours de soleil et un enfer absolu dès que la moindre goutte de pluie daigne montrer sa fraise. Mais je dois la remercier : ses embouteillages incessants ont fait de moi un motard, petit plaisir que je n’aurais probablement jamais connu sans elle.

Les jours de soleil nous offrent des couchers magnifiques aux endroits que les touristes et nous même visitons le plus… mais je ne compte ceux-ci que sur les doigts d’une seule main pour chaque mois. Le photographe en moi en à la fois frustré et reconnaissant, car rien de mieux qu’une jolie couverture nuageuse pour faire des portraits magiques en intérieur et en lumière naturelle.

Et le musicien en moi peste parfois contre la difficulté de vivre de son art. Et me pousse toujours plus loin à developper mes projets en dehors de notre beau pays.

Bruxelles me donne envie de partir, pour de bon, par moments. Mais elle sait aussi comment me retenir. Son charme réside dans son caractère unique, ses dualités, ses paradoxes, ses fonctionnements hors-normes et pourtant tellement ancrés et indispensables à notre quotidien. Elle me pousse dans certains de mes retranchements, me demandant de me remettre en question, de sortir de ma zone de confort, et au final d’évoluer, de mûrir.

Bruxelles est ma terre d’accueil, ma terre de coeur. Je lui dois tout, et j’espère le lui rendre bien.

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