Alors? Le Gaga-Bennett-Show, c’était comment?

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P1210754N’en déplaise à notre cher Deniss, BXLblog ne pouvait pas manquer cet événement qui a réussi à chambouler l’ordre logique de l’actualité.

Alors voilà, nous étions sur place pour ce fameux mini-concert de l?excentrique Lady Gaga et du légendaire Tony Bennett. A première vue, c’est un peu « odd couple »… Lui, le vieux crooner de 88 ans, revenu d’une période maigre, dernier survivant d’un genre presque éteint. Elle, la donzelle un peu fofolle, qui a l’âge d’être sa petite fille, qui semble descendre la pente du succès aussi vite qu’elle l’a gravi.

Ils s’étaient rencontrés il y a déjà quelque temps, lors d’un album de duos où Tony Bennett y reprenait des standards avec une kyrielle de chanteurs contemporains… et la plage d’ouverture était son morceau avec Lady Gaga: une version plutôt jouette de « The Lady is a Tramp », sorti justement pour Noël. Ça avait le mérite de montrer que Gaga pouvait être plus que la caricature qu’elle allait devenir.

Il semble que le courant soit si bien passé entre les deux Newyorkais que PAF! A la surprise quasi générale, voilà tout un album de reprises : du Gershwin,  du Cole Porter, du Duke Ellington… rien que du beau monde. Un album qui semble avoir séduit une majorité de critiques Outre-Atlantique, mais finalement, en live, ça donnait quoi?

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21h45, je me décide à quitter mon appart’ pour me rendre sur la Grand-Place. Je me dis que poireauter une bonne demi-heure sera plus que suffisant. La Bourse a été réquisitionnée comme « centre de triage », j’ai mon petit e-mail d’invitation en main, en 5 minutes, je suis équipée de deux bracelets. Un bracelet d’entrée, et un autre fluo au couleur du sponsor de la soirée. Lorsque j’arrive Grand-Place, elle n’est encore pleine. Certes, il y a du monde, mais c’est encore vivable. J’en profite pour observer le clash des générations. Deux gars de la vingtaine s’interrogent sur le pourquoi de la démarche de Gaga: « Eh finalement, tout le monde est là pour elle, on s’en fout un peu de Tony Bennett ? » Un couple de la cinquantaine passe devant eux: « Ah ben non, on est là pour lui! ». A l’approche de 22h30, les balcons de l’Hôtel de ville se remplissent de VIP. On ne peut qu’imaginer la vue qu’ils doivent avoir tandis que la foule se fait plus dense sur la Place. La rumeur court: on a laissé rentrer des gens qui n’avaient pas gagné leurs invitations, bon nombre d’invités n’étant pas venu. Comme quoi, la patience paie.

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Et le set commence Cheeks to cheek, They all laughed, Anything Goes (remarque de jeunes filles devant moi: « C’est pas une chanson dans Indiana Jones »?). C’est plutôt plaisant à écouter et sur les écrans, on sent quand même une complicité entre un Tony Bennett classieux et une Lady Gaga en robe lamé or. C’est qu’en plus d’être italo-américains et Newyorkais, tous les deux ont suivi leurs études dans des écoles artistiques. Ca fait pas mal de points communs.

Mais qui du vieux loup ou de la Mother Monster allait tirer son épingle du jeu? Eh bien ce sera le crooner qui s’en sortira le mieux. Chacun aura l’occasion d?interpréter deux morceaux seulx… Et le I Left My Heart in San Francisco de Tony Bennett m’a presque arraché une larme. Le voix est assurée, profonde, ne vacille pas pendant les moments où il faut tenir la note. Et çà à 88 ans et après être sorti de scène le soir même! Respect. Et ça s’est senti à l’applaudimètre. Un public plutôt sage se sera réveillé pour le crooner!

Quand à Lady Gaga, on peut affirmer qu’elle a de la technique et une voix qui assure. Un talent qui reste caché, masqué par l’écran de fumée du personnage… mais malgré cette technique et cette voix, il manque quelque chose. L’émotion ne passe pas. Pire. Au moment où elle entonne un Lush Life, un morceau plutôt désespéré qui requiert une ou deux pause et quelques notes aiguë… et c’est là qu’un quidam décidât de hurler à la mort. Impossible de ne pas l’avoir entendu. Explosion de rires et pouffements mal contenus pour les plus respectueux. Pardon, Nat King Cole!

L’opération aura sans doute contribué à faire découvrir le jazz (et Tony Bennett, bien sûr) à une génération qui n’en a cure. Preuve en est une phrase souvent entendue dans l’embouteillage de sortie de la Grand-Place: « Finalement, c’était bien ».

Et quand à Lady Gaga, si finalement, elle laissait plus souvent sortir Stefani Germanotta, chanteuse de jazz, de sa cage?

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Mélissa est Bruxelloise d'adoption depuis de longues années. Monomaniaque de son quartier (Dansaert/Ste-Catherine), on dit d'elle qu'elle ne traverse le Boulevard Anspach que pour travailler. Calomnies! Elle se bouge les fesses quand un nouveau bar vient d'ouvrir.

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