La semaine…

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On travaille, on fait le ménage.

On paye ses factures.

On prépare le dîner.

On est entre le métro, le boulot, le dodo.. Même si on ne se déplace qu’en voiture, ou si on s’est mis au vélo.

On est pris dans une frénésie d’activités pas toujours choisies de plein gré.

La semaine, on la passe à attendre le week-end avec impatience.

On la passe à espérer un moment qui finira par arriver, mais qui nous verra fatigués d’avoir trop attendu.

La semaine, pour certains, il ne se passe rien, à part la monotonie de la vie.

Et puis il y a ceux qui se laissent surprendre par la ville, ceux qui ont des horaires hors d’un bureau, ceux qui décident d’ouvrir leur porte un mercredi, ceux qui sont en vacances à la maison….

La semaine, ça commence toujours par un lundi. Un lundi de soldes sous le soleil de Bruxelles, une promenade au Botanique, une rue toute Neuve et une remontée vers le centre… au détour d’un Manneken Pis sur les touristes, un groupe de jeunes musiciens qui met l’eau à la bouche du passant en jouant un morceau…

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Et plus tard, le même groupe, jouant pour le plus grand plaisir des clients du Cercle des Voyageurs.

Et, tout à coup, cette scène ahurissante d’un homme qui crie « Le régionalisme c’est de la merde » dans l’oreille de passants tenant un certain drapeau flamand… Le même homme qui dans sa rage laisse tomber au sol son carton, empli de bouteilles…

Et le voilà au pied des musiciens, courbé, à genoux, misérable, pathétique, criant encore à qui veut l’entendre, même si cela n’intéresse personne…

Et les musiciens imperturbables qui, de concert, d’une seule corde, continuent leur représentation.

L’homme au sol écrasé par la puissance musicale…

La semaine, ça se termine toujours par un vendredi. Un vendredi qui, cette fois se termine avec élégance à la Diligence, dernier bar, pas branché, de la place Flagey qui voit affluer toutes les tribus de la nuit en son sein, tribus qui n’ont pu trouver d’autres abreuvoirs disponibles à proximité.

Un spectacle hallucinant attend le passant : un mélange de gens, de genre, un groupe de musiciens, composé de deux messieurs en l’âge d’être les pères de la majorité des clients, jouant avec l’énergie de dix, jouant surtout sans s’arrêter des classiques du rock, de la pop, de la samba.

C’est la fin de la nuit bruxelloise, et d’autres chassés d’autres lieux viennent encore s’ajouter…..

Mais la semaine, avant d’en arriver là, elle a en son milieu, le mercredi.

Ce jour-là, cela donne un début de soirée au Chat-Pitre, bondé, pour écouter un groupe de jazz bien motivé…. Cela donne, moi, assise seule au bar, souriant au tout venant…

Cela donne un reste de soirée dans une soirée privée… les soirées privées où on a la chance d’être invité un peu par hasard, au hasard d’un copain qui me rejoint au bar.

Les soirées privées mériteraient un texte rien qu’à elles. Surtout celle de ce mercredi-là…

Une belle maison de maître saint-gilloise, des maîtres de maison très beaux : une hôtesse aux pieds luxuriants, un hôte qui empli généreusement les oreilles de musique pour danser, des invités qui avaient envie de parler, d’échanger, de se rencontrer….

Des cacahuètes et un onctueux fromage à manger, une bibliothèque bien remplie, des grains de raisins, des vieux amis communs, les Paroles de Dalida chantées en choeur par tout le monde, de jolis dessins d’enfants sur les parois d’un frigo, et le reste de la nuit qui s’étire de bonheur…

Après un mercredi comme celui-là, que faudrait-il ajouter ?

Sortez, sortez, oiseaux de nuit, oiseaux de jour, et pour ceux qui ne peuvent pas sortir : ouvrez vos portes !

Les oiseaux aiment se retrouver dans l’intimité des salons pour se faire de nouveaux amis avec qui passer de nombreuses autres nuits….

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