Une nuit dans le Bois

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Jeudi 30 juin, j’ai cru qu’on n’y arriverait jamais à cette « toute dernière fois » à danser enfumé.

Je décide que c’est une bonne excuse pour sortir (oui, justement parce que je sors tous les jours, les excuses doivent être « béton »), voir de mes yeux ce dont je ne serai plus jamais témoin : des gens fumant dans des lieux de sortie.

Je vous passe les détails de tous les endroits où je suis passée ce soir-là : la galerie d’art (non fumeur) pour rejoindre un ami, le troquet (non fumeur) pour réunir ceux qui ont faim, le restaurant (non fumeur) pour manger, le bar hyper enfumé (vraiment beaucoup trop enfumé) au centre ville pour assister à un concert de jazz, qui n’en était pas un, finalement.

Je passe tout de suite à mon envie pressante de me retrouver au Théâtre de Poche, où se déroulait ce soir-là Treasure Island, organisé par des gens que j’aime vraiment bien.

Le Bois de la Cambre, la nuit, c’est une véritable jungle… Parfois, c’est rigolo, les soirées au Poche : le bâtiment jouxte celui de La Patinoire : on traverse donc une foule d’Ucclois et d’Expats sur leur 31. Il arrive que certains d’entre eux, qui viennent au Bois pour la première fois, se perdent un peu et tentent avec hésitation d’entrer : mais nos looks ne les trompent pas longtemps, tout comme ne nous trompent pas le leur au cas où c’est l’un des « nôtres » qui se serait perdu.

Tout comme nous ne trompons pas non plus les videurs des Jeux d’Hivers, situé de l’autre côté du parking et qui accueille la même faune que La Patinoire, dans le cas où la curiosité pousserait un des mâles de notre tribu à voir si les filles y sont plus blondes que chez nous.

Et surtout qu’on ne s’y trompe pas, chacun est pour l’autre une caricature d’un certain style, aucun ne vaut mieux, n’est plus cool ou plus ouvert…

La musique est bonne au Poche, ce soir-là. Le set de DJ Sonar est un peu trop Old School pour moi, mais ça bouge bien ; DJ Kwak reprend les platines et ce n’est évidemment pas pour me déplaire !
Par contre, peu de monde se bouscule au portillon. Et sur la grande terrasse où les gens semblent déjà prendre l’habitude de fumer (sans déranger de voisins), presque personne non plus… Ils sont où les gens qui aiment la même musique que moi ?

Parce que les deux temples d’à côté, eux, ne désemplissent pas, je le vois bien.

En attendant que la nuit passe et afin de laisser une chance à mon troupeau de se rassembler pour la grand messe de la danse funky-soul, des amis veulent faire un passage au Wood, un peu plus loin, toujours dans le même bois. Les avis sont mitigés dans notre groupe, mais pourquoi pas ?

A mon arrivée, je l’entends : un bon son électro. Il y a peut-être moyen de danser. Pas d’entrée à payer au Wood. A la place, une nouveauté, probablement fraîchement découverte par le maître des lieux, à la dernière soirée scout des ses enfants ? Il faut acheter un « ticket-boisson ». Et il faut l’acheter très vite : pas la peine d’entrer, trouver vos amis, une place, une jolie fille à qui payer un verre (et pour qui il faudra donc acheter un ticket boisson supplémentaire) : aucune chance n’est laissée à cette habitude de « payer une tournée » à une tablée entière… Le videur nous presse, nous suit à travers la piste de danse, nous oblige. Etonnant… et on a écrit quelque part que ce lieu était un des plus « hype » de la ville…?

Je me tourne vers Carl (de Moncharline) qui joue les « dames patronnesses » à l’entrée et que je connais par le biais d’un contrat de partenariat que j’ai finalisé pour mon ancienne boîte. Boîte dans laquelle il passait (passe encore?) toutes les semaines : relation sympathico-professionnelle. Bref, je ne suis pas une de ces figures droguées, saoulardes des nuits bruxelloises qu’il doit rencontrer par paquet de douze chaque soir.

Je trouve inquiétant cet empressement à prendre trois malheureux euros, je lui demande (tranquillement) pourquoi. Je m’inquiète même… Je lui demande si ses affaires vont si mal que ça (j’ai ouï dire que le restaurant du Wood a fermé ses portes).

Le Carl, il pouvait faire deux choses face à mes questions : il pouvait la jouer « sympathico-professionnel » et me dire que c’est parce qu’il a eu des soucis avec des gens qui ne consomment pas et qui ennuient les clients, et me taper sur l’épaule puis me demander de payer quand même ou faire signe à son videur de me laisser tranquille (surtout que pendant ce temps, mes amis prenaient « mon » ticket-boisson).

Il pouvait bien entendu, également la jouer « professionnelo-rien-à-foutre de ta gueule » et me dire que c’est le règlement et que je reste libre d’aller voir ailleurs les autres règlements du monde, qu’il n’allait pas en changer pour les beaux tétons de mon décolleté et encore moins en discuter avec moi pour le plaisir de ma chevelure bouclée.

Le Carl, il l’a joué Goujat. Goujat de classe internationale. Goujat vieillissant qui, depuis le mythique Who’s Who’s Land dans les années ’90, n’a plus rien fait de bien excitant. Juste des trucs qui ont du peut-être lui ramener de l’argent et probablement son lot d’emmerdes aussi vastes que les sommes engrangées par ses soirées. Le Carl, il a demandé au sorteur de faire son boulot : me sortir. Sans plus me parler, sans me regarder. Le Carl, sur le coup, j’ai eu un peu plus pitié… Hé, le Carl, je t’aimais bien tu sais, mais c’était il y a longtemps, depuis, je ne me suis plus jamais amusée grâce à ton inventivité, qui a du fuir en même temps que tes jeunes années…

Je repars donc vers le Poche

Entre temps, la soirée Treasure Island ne s’est pas beaucoup plus peuplée, mais la vibe est bien là. On se salue, on se sourit, on se parle, on danse.

J’observe un peu tout ce monde : à l’extérieur, quelques accros de la cigarette, qui peuvent encore fumer à l’intérieur, mais vu qu’il fait beau dehors, en profite pour prendre l’air. Au bar, quelques consommateurs d’alcool qui rechargent leurs batteries, à gauche quelques uns pas vraiment perdus des Jeux d’Hivers, attirés par le groove, au centre, quelques filles, pas vraiment blondes et pas toutes minces, qui dansent comme souvent les filles en soirée.

Et puis, quelques minutes plus tard, quelque chose à changé : tout le monde danse. Je dis bien tout le monde, absolument tout le monde. Plus personne à l’extérieur, tous les fumeurs, les buveurs, les expats, les filles, les garçons, les cools, les djs, les organisateurs, et moi : sur la piste en train de danser.

Moment magique et intense, une découverte, comme un trésor sur une île, comme un havre de paix, de soul et de groove au milieu de la jungle du Bois….

Si, à l’avenir, vous voulez connaître mes idées « sorties » et même avoir parfois des < > comptes rendus des celles-ci… Commentez donc..!

wood1

13 COMMENTS

  1. oups, monsieur de moncharline a manqué de doigté ce soir-là, cela ne devait pas être sa soirée :)

  2. Moi j’y etais, au jungle island. J’ai bu, sans fumer, ce qui etait assez bizarre.. (J’avais decider d’arreter de fumer ce jour-la, oui oui..). J’ai dit bonjour a gauche et a droite mais comme je ne suis pas le genre de gars qui va envers les gens, je m’amusais plutot a observer les jeunes filles (very young, yummy) sur la piste en ecoutant la selection musicale, excellent of course.
    « It’s a rather pleasant evening.. » me-disais-je. Finalement, juste au moment ou j’avais envie de rentrer car il ne se passait pas grand chose pour moi, sauf de la bonne musique (deja pas mal), les gens se mettait a danser comme des fous, taux d’alcool et d’herbe oblige. Je suis parti un peu triste de ne pas avoir pu m’integrer au vibe du moment.. C’est bizarre parfois le milieu de la nuit.. Il faut savoir doser.

    Bref, tout ceci pour dire que sortir sans boire, ni fumer, ca doit etre autre chose quand-meme! Chapeau. ;) En effet, sortir ne devrait pas etre « rester dans la salle d’attente jusqu’au moment ou « ca commence » ou « ca monte » (alcool et autres) », mais il ne faut jamais sous-estimer les inhibitions des gens : on boit pour se detendre, on fume pour faire passer le temps. Donc, maintenant qu’on peut plus fumer a l’interieur, des grandes aventures nous attendent! :-)*

    Et Carl de Monchargween.. on l’emmerde hein zeg.

  3. Très chouette review. On s’y serait cru et on en redemande ;)

    D’ailleurs, tu viens de me faire découvrir une soirée (celle du théatre) que je ne connaissais pas et qui me semble bien sympathique. A découvrir donc, n’hésite pas à nous faire part de tes prochaines sorties nocturnes. Surtout si on y retrouve les plus beaux tétons de ton décoletté ;)

    Pour Carl de rijk alias de Moncharline, je crois que le succès (d’antan) lui a monté à la tete. Il faut reconnaitre qu’il a créé de belles initiatives pour faire bouger Bruxelles, mais il est malheureusement devenu une caricature de lui meme. C’est triste en effet…

  4. @Lazy : oui c’est vrai, je sais que beaucoup ont besoin de boire un petit peu pour se désinhiber, mais dans mon texte à ce propos (pour ceux qui ne savent pas de quoi nous parlons, il s’agit d’un texte sur mon blog perso: http://yelyam.tumblr.com/post/7303156010/lalcool-et-les-cigarettes), était plutôt par rapport
    * à une consommation très très très importante d’alcool…
    * à ma surprise, mardi soir, de voir autant de monde que d’habitude mais sur un trottoir au lieu d’être à l’intérieur et d’entendre tout le monde se plaindre « il ne se passe rien »… !

    Et en effet, de grandes aventures attendent… j’en suis sûre !! :-)

    @Jef Merci de tes encouragements!!
    En ce qui concerne la soirée « Treasure Island » au Poche, c’était une première… les organisateurs vont probablement réitérer cela à la rentrée, ils réfléchissent à tout ça.
    Il y a également les soirées du « Bar des Clandestins » qui y sont organisées durant l’année.

    Le lieu est parfait pour une soirée : La localisation, dans le bois, fait que c’est parfait tant pour s’y rendre (même « à pieds ») que s’y parker, il y a de l’espace pour danser, des petits recoins pour papoter ou plus si affinités, et l’espace devant pour les fumeurs, sans déranger des voisins!
    J’espère que, malgré le peu de succès de la première, ils rétiéreront l’expérience, car j’ai le feeling qu’il y a de quoi faire de grandes soirées pour ceux qui aiment le Funk, la Soul, une touche de Reggea, un peu de OldSkool, un peu de Groove (bref similaire aux soirées Strictly Niceness, ou aux DJ sets du Bar du Matin par exemple,…)

  5. Merci Yam,
    la prochainne Treasure Island aura lieu dans la deuxième 15aine de septembre
    2eme ou 3eme week-end, dans le même esprit c’est a dire ; bonne musique , voir très bonne musique, publique sympathique , voir très sympathique…

    A bientôt ,
    Ums

  6. Rien à voir tu es venue sur un ton très agressif te plaindre comme une star pour trois malheureux euros, j’ai juste passé l’âge et l’envie de fréquenté ce genre de clients. Joue pas la cool sur le net alors que tu l’étais vraiment pas en soirée ! Moi tu vois quand je suis pas cool je fais pas le cool… je m’assume.

  7.  » j?ai juste passé l?âge » : oui, c’est ce que j’ai écrit… on est donc d’accord !

    Chouette :-)

    Des bisous, Carlitou

  8. Chaque fois que j’ai été au wood me suis fait chier comme un rat mort, gens pas beaux , son pas bon, deco glauque et trop sombre , pas vraiment de dance floor ….Dj’s housy sans culture générale ou sans culture club ( que des nouveautés sans âme axée sur la house berlinoise et exclusivement …Detroit, chicago, les sons UK les nightlife classics on connait pas .. genre autoroute du 128 bpm sans aucune références ..style woodstrasse et cie) , portiers au repérages physionomiste douteux ..Pas de VJ, rien à part le  »dj » Rien pour parquer son vélo ..Vols sur le parking ..Ca fait bcp l’addition est lourde :-)

  9. Je déterre un peu l’article … suis tombé dessus depuis celui de la Plastic de ce w-e … que dire à propos du bonhomme si ce n’est que le vent a tourné mais qu’il persiste à avancer contre ! Il y a des bons trucs au wood, c’est presque indépendant de sa volonté parfois (WoodStock by la moitié de l’équipe des Piknik par exemple) et effectivement il doit beaucoup d’argent à beaucoup de monde , a mis une de ses sociétés en faillite … mais avouer un echec lui arracherait littéralement les couilles … moi je trouverais ça courageux histoire de passer à autre chose ! on s’est tous cassé la gueule, par contre on a pas tous réussi là où lui a excellé … voilà un peu de cirage ça c’est fait … Yam merci pour la synthèse,le blog, tout ça… Carl, bah, je sais pas quoi te dire … je m’exprimerai quand les factures seront payées (y’en a quand même pour 15k? ) mais n’oublies pas, le monde est petit, la belgique un village, et Bxl … un microcosme ! faut se serrer les coudes et rester correct ! @ +

  10. Merci de ton commentaire !

    En effet, il y a des choses bien au Wood, et j’en parle (pas plus tard qu’aujourd’hui).

    Dans mes différents articles j’encourage toujours les initiatives car en effet, il faut oser faire les choses…. et la critique est toujours facile surtout du fond de son canapé.

    Dans cet article, je le descend parce qu’il m’a descendue, c’est un peu revenchard, un peu méchant, certes pour le coup, et c’est la seule exception au fait que si j’aime pas j’en parle pas pour ne pas « casser »… ;-)

    En général, je suis très positive et je tente d’encourager (et mes écrits à travers la toile – pas uniquement sur ce blog sont là pour le démontrer).

    (mais bon, se retrouver seule, en mini jupe au milieu du bois après s’être fait virer pour rien… c’est un peu humiliant et j’ai mon caractère faut l’avouer :-).

    J’espère pour toi que tu retrouveras tes billes, faire des choses bien pour la ville c’est bien, bouffer et avoir un toit sur la tête, c’est mieux et ça permet de continuer à réaliser des chouettes choses !

    A bientôt !

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