De la déportation à l’indignation en passant par une proposition…

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Traverser la Grand Place reste un plaisir dont on se passe difficilement même si l’on réside depuis des années dans la ville. Pour ma part, je ne manque jamais de le faire. Et ce mardi du mois de mai n’a pas fait exception.

C’est ainsi que, au milieu de cette foule moins dense qu’à l’habitude, tournant la tête vers l’Hôtel de Ville, mon regard s’est arrêté sur ceci :

Je m’approche, l’entrée est gratuite et j’ai un peu de temps…. J’entre donc. Je redécouvre l’Histoire.

Cette Histoire que, pas plus tard que la semaine précédente, Stephane Hessel a partagé avec nous, dans un auditoire de l’ULB plein à craquer, s’indignant, avec beaucoup d’humour et d’optimisme de l’état du monde, depuis ces temps pas si lointains où il rédigeait avec d’autres ces quelques nobles pages ayant pris la forme d’une Déclaration universelle des droits de l’homme .

Cette Histoire que, pas plus tard que la semaine précédente, certains n’ont pas hésité à bafouer par le biais de douze pages infamantes, ayant la forme d’une proposition de loi déposée au Sénat, afin « d’effacer pour l’avenir (…) les actes d’incivismes prétendument commis (…) » (durant la seconde guerre mondiale).

Ce n’est pas sans émotions et horreur que l’on parcourt cette salle : panneaux reprenant en quelques mots (et en quatre langues) l’histoire de la déportation et des génocides commis par les nazis avant même que la guerre n’ait commencée. Il faut lire, et surtout voir ces photos de corps décharnés par des mois de sous nutrition, gazés, entassés dans des camions ou des trains… Toute cette chair… Un frisson parcourt le visiteur, et il n’est pas du uniquement à la fraîcheur dans ce local d’un bâtiment du 15ème siècle.

Si, en parcourant la salle la larme ne vous vient pas à l’oeil, je suis prête à rembourser l’entrée….

Bien que cela me paraisse extravagant d’enfoncer cette porte ouverte, je me vois contrainte d’écrire cette évidence : Il ne faut pas oublier. Il faut se lever et dire d’une seule voix (et quelle que soit notre langue maternelle) qu’il n’est pas possible d’oublier, ni ces massacres ni tous les autres, nombreux autres, qui ont précédés (je pense au génocide du peuple arménien, < >

Je prends sur moi de faire partie des citoyens vivant dans la Belgique qui a battu tous les records de période sans gouvernement. La Belgique des années 2010-2011, qui de négociations en négociations ne parvient pas (encore ?) à trouver de solution.

Je refuse par contre de faire partie des citoyens vivant dans la Belgique dont (certains) des Sénateurs ont accepté de discuter de la possibilité qu’une telle loi voit le jour. La Belgique de ce sombre mois de mai 2011, qui au lendemain de la visite d’un des héros du 20ème siècle, ose se vautrer dans la merde.

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L’exposition « Déportation et Génocide : une tragédie européenne » se tient à l’Hôtel de Ville de Bruxelles jusqu’au 19 mai 2011. L’entrée est gratuite.

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