J’ai testé la zone 30

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Je suis un piéton, un cycliste et aussi un conducteur courtois.

J’aime à laisser passer le piéton et le voir déambuler qui, pressant le pas pour me rendre la courtoisie, donne à voir un dandinement amusant, qui, le menton hautain feignant le dédain sûr de sa préséance, ne daigne pas croiser mon regard, qui, simplement à son affaire et conscient comme moi qu’un individu l’a pris en considération, me décoche un sourire, un geste de la main, un témoignage.

Je n’empiète pas sur les zones cyclables. Je me rabats pour laisser venir le cycliste qui roule à contre-sens dans les sens uniques, je vérifie dans mon rétro quand je tourne à droite que je ne vais pas estropier un être vêtu de jaune.

Je respecte les règles, je les aime elles m’assurent une certaine tranquillité d’esprit, elles évitent la loi du plus gros, du plus véloce, du plus intrépide, du plus con.

Mon seul tort c’est de considérer les chauffards avec une détestation absolue, et souhaiter que leur bêtise soit la cause de leur perte. Souvent l’habitacle de mon véhicule se remplit de noms d’oiseaux. Si après la mort un quelconque purgatoire existe, je me l’imagine comme devant être ce lieu où tous les chauffards doivent s’excuser des manquements de leur vie terrestre face à ceux qui les ont agonis d’injures… une éternité absurde.

Mais voilà que dans ma pratique de la route une nouvelle règle apparaît : le Pentagone devient zone 30. Si de manière générale l’idée séduit, ce sera plus cool, c’est le simplisme de son application qui risque de faire passer ses initiateurs pour des amateurs voire des incompétents et faire basculer le plus civilisé des conducteurs du côté des chauffards les plus abrutis. Damnation !

Comment sortir du tunnel Louise sur la place Poelaert à 30 km/h ? Où sont les indicateurs de décélération : 70, 50, 30 ? Comment remonter la rue Royale, la rue de la Régence ou emprunter la rue de la Loi en 1ère à fond ou en 2ème pied léger au sortir d’une voirie de taille identique hors limitation ? Sans parler du boulevard Pachéco et de sa sortie de tunnel.

Comment gérer la complexité du trafic avec une horde de pressés qui poussent par derrière, doublent quand rien sur la voirie des grands axes non exemptés n’invite à la limitation nouvelle ? Le conducteur courtois sous les quolibets et les klaxons se demande s’il n’est pas seul au monde.

6 COMMENTS

  1. Bien d’accord avec l’esprit de l’article, mais pour sortir du tunnel Stéphanie il ne faut que l’indicateur de 30 (qui est là depuis les travaux dans ce tunnel). Toute la région est déjà 50km/h (sauf indiqué dans certains tunnels comme Léopold, Montgomery,…), et pas d’exception là pour le tunnel Stéphanie.

  2. Cette limitation débile n’aurait pas eu lieu si la majorité des conducteurs n’étaient pas débiles. Les rares conducteurs courtois payons l’incivilité de la majorité des autres. Je continue à penser que le permis de conduire se gagne et se conserve beaucoup trop facilement.

  3. Tout à fait d’accord.

    J’ajouterais encore une considération. Cela n’aide nullement le « conducteur courtois » que nous sommes le fait que la Région ait délaissé la signalisation des tunnels de l’avenue Louise. Pas un seul signal de limitation de vitesse. Pourquoi? Je ne connais pas un moment du jour ou de la nuit où les gens y roulent à 50 km/h. Seul gagnant: le budget régional, puisque la police s’amuse régulièrement à envoyer des PVs salés (du vécu).

  4. Effectivement dans les tunnels ou sur les grands axes (Général Jacques, Louise, ..) j’ai beau tenir les 50km/h : il n’y a personne qui reste derrière moi ou alors que très rarement. L’histoire des 30Km/h sur les grands axes ne sera jamais respecté mais en même temps il faut des sous dans les caisses donc voilà.

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