24 heures avec la 30e compagnie

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Sept ou huit incendies par garde, un travail physique intense qui demande une bravoure certaine, une profession pourtant peu reconnue, des PV pour excès de vitesse assez déconcertants : la vie d'une caserne de pompiers est loin d'être… un long fleuve tranquille. J’ai vécu la vie des pompiers, leurs problèmes et leurs victoires aussi.

8 h. C'est la relève. La 30e compagnie monte à la garde à la caserne principale des pompiers de la Région bruxelloise, celle située avenue de l'Héliport, près de la place de l'Yser. Le contraste est saisissant entre ceux qui terminent et ceux qui débutent. Les premiers portent encore les stigmates de la nuit : des yeux fatigués et des traces d'un noir puissant laissées par un incendie maîtrisé il y a peu, trahissent ces hommes courageux.
Les deuxièmes, propres sur eux, trépignent de commencer leur journée. Ils sentent bon et ont le teint clair. L'appel terminé, c'est parti pour l'inventaire complet des véhicules et du matériel. C'est une véritable fourmilière.

9 h. On passe à la gymnastiqueâ?¦ Les pompiers se doivent de garder une bonne condition physique. Certains jours, ce sera un cross, un volley ou un foot.

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    Une porte a « fait boum »

10 h. Les corvées. Les pompiers nettoient eux-mêmes les communs, les douches, les toilettesâ?¦ Tout le monde s'accommode tant bien que mal de ces tâches ménagères. Ã? l'Héliport, les pompiers ne doivent pas faire la cuisine, contrairement à leurs collègues qui se trouvent dans les postes avancés. La matinée est calme, il n'y a toujours pas eu la moindre alerte. L'ambiance est à la rigolade.

11 h 45. Ã? l'heure des exercices ' étaient prévus ceux du Risc (Rescue in safe conditions), cette équipe qui intervient dans les profondeurs ou dans les hauteurs plus élevées que le 8e étage ', une première alerte, de niveau 2. Sortent, en moins d'une minute, une échelle, une ambulance, une autopompe et le véhicule de commandement toutes sirènes hurlantes. Arrivés à la petite ceinture, les hurlements se taisent déjà : fausse alerte.

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12 h 31. Le répit est de courte durée ' la journée commence ', on signale un feu de cave rue du Rectangle à Molenbeek, une société de poissons. Ã? notre arrivée, l'on voit d'épais nuages de fumées sortant du bâtiment. La provenance n'est pas clairement définie. Une porte aurait « fait boum », sans plus de précisions. Finalement rien de grave, il aura suffi de deux extincteurs poudre pour maîtriser le sinistre.

    7 ou 8 incendies par garde

15 h 02. De repas du midi, il n'y en aura pas. Les exercices de l'après-midi sautent aussi. Un feu d'appartement à Ixelles qui vaut surtout pour la maîtrise des chauffeurs au milieu des voitures. Elles restent prostrées lorsque déboulent ambulances et autopompes. Les pompiers se faufilent dans les trous de souris laissés par les automobilistes. Destination suivante : 5e étage d'un immeuble sis rue de Monte-Carlo à Forest. Il y a beaucoup de fumée, on évacue une bonne partie du bâtiment. Les pompiers, eux, s'affairent. La grande échelle est en place. Ils rentrent par l'intérieur et par l'extérieur. « Du gaz ! » hurle l'un d'eux. En quelques minutes, tout est sous contrôleâ?¦ Pas de panique. Pas de pause. Il faut enrouler tous les tuyaux, d'autres appels suivent.

17 h 20. La sirène retentit à nouveau. Départ pour la rue Longue. Ã? nouveau une fausse alerte. « Drôle de journée, quasi aucun feu, lance le capitaine. Sur une garde, il y en a en moyenne 7 ou 8. »

    Vigilants à 100 %

22 h 50. La grosse alerte de la garde ce sera pour la Cage aux Ours à Schaerbeek. En pleine partie de billard, une minute pour être prêts à partir. Certains émergent sans trop de soucis d'un semi-sommeil. Les pompiers du poste avancé Diamant sont les premiers sur les lieux : une toiture flambe. Dans un premier temps, on arrose le toit pour que cela ne s'étende pas. Ensuite, on rentre et on éteint à l'intérieur. Ã?crit comme cela, tout paraît si simple. « Mais rien n'est facile, explique un pompier qui s'en grille une après que l'incendie soit éteint. Il suffit parfois d'une étincelle pour que tout devienne très compliqué. »

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7 h 05. Départ très vite avorté vers Ixelles. Une simple poubelle en feu. Les petits départs se suivent. « Cela n'aura été une garde avec des faits marquants mais nous sommes sortis souvent et n'avons pas beaucoup dormi, analyse un officier. Et à chaque sortie, il faut néanmoins être vigilant à 100 %. »

8 h. La 40e compagnie monte à la garde. C'est reparti pour 24 h.

    Tous les articles de ce dossier réalisé par Mateusz Kukulka :

« On peut mourir »
Ces feux rouges qui dérangent
Cadets saison 1, une réussite
Pompiers : le ras-le-bol est constant

Première parution : TBX n° 251, Page 6-7, paru le 2008-01-10.

6 COMMENTS

  1. Il s’agit d’un service au public , et un travail pénible que beaucoup d’entre nous ne pourraient excécuter ,alors ils meritent notre respect

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