Bruxelles, si c’était Mélissa

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Mélissa Monaco

Mélissa MonacoBizarrement, j’avais peut-être mis les pieds deux fois dans notre capitale avant d’y débarquer pour mes études. Mais je savais que je n?y serai pas tout à fait seule. J?allais y retrouver d?anciens résidents de mon patelin: les iguanodons du Musée des Sciences naturelles. Deux valises m’accompagnaient et nous emménagions dans le centre ville, dans une rue située quelque part entre le Boulevard Jacqumain et la rue de Laeken. Toute une symbolique ! Entourée par des hôtels de passe, le « quartier flamand », les bureaux sans âmes ou des maisons laissées à l’abandon, notre kot avait des propriétaires marocains.

Bruxelles, c’était cela. Un gros bordel couleur gris avec un potentiel énorme et une toute aussi énorme impression de gâchis. Au moins aussi énorme que le cratère au croisement du boulevard et de la place De Brouckère! Bruxelles était alors endormie? mais je l?aimais déjà! Probablement parce que pour l?apprécier, il fallait s?investir. Et puis, fin des années nonante, elle s?éveillât. Le fameux cratère fut comblé par un immeuble à appartement, signe avant-coureur du boum de l?immobilier. On parlait d?installer le Théâtre National sur le boulevard, les premières terrasses du quartier Saint-Géry faisaient parler d?elles. Et puis, je décidais d?aller voir ailleurs. De loin, j?observais ma ville d?adoption en train de muer. Le coup de grâce fut lorsqu?elle apparut dans la liste des villes « cool » de certains guides. Bruxelles n?avait jamais été cool! Et finalement, il y a un an et demi, je me décidais à revenir et je m?établis à Ixelles, commune urbaine et multiculturelle par excellence et la voyageuse au long cours a trouvé son point d?ancrage. Et je l?aime plus que jamais. Surtout ses défauts.

Si Bruxelles était une odeur, ce serait celle des frites. Celles de Maison Antoine, de Frit Flagey, de la Place de la Chapelle, de la Barrière de Saint-Gilles et de la Foire du Midi!

Si Bruxelles était une couleur, ce serait un gris accompagné de brun-rougeâtre. Le gris de la « maison bruxelloise » et des nuages qui se reflètent dans les grands immeubles de verre et les nuances de terre-cuite des toits.

Si c?était un son, ce serait le bruit caractéristique du tram et de son bavardage dans toutes les langues imaginables.

Si c?était un gout, ce serait celui d?une kriek bien fraiche sous les lambris de la Mort Subite, celle des pittas de Yasmina quand il n?y a rien d?autre d?ouvert et d?une boite de chocolats Marcolini achetés par pur caprice.

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Mélissa est Bruxelloise d'adoption depuis de longues années. Monomaniaque de son quartier (Dansaert/Ste-Catherine), on dit d'elle qu'elle ne traverse le Boulevard Anspach que pour travailler. Calomnies! Elle se bouge les fesses quand un nouveau bar vient d'ouvrir.

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