Vous n’avez pas suivi nos recommandations et avez persisté à ne pas venir aux Feeërieën cette année ? Tant pis pour vous. Mais comme on est tout de même sympa, on y est allé pour vous rapporter un compte-rendu. Et, même si on ne prétend pas être des experts en musique, on va quand même vous en parler. Ou pas.
1. Sun Kil Moon
Lundi, une des têtes d’affiche du festival s’est produite au kiosque du parc de Bruxelles. Sous une pluie battante et continue. Arrivé un peu plus tôt, je me demandais si le concert allait être annulé tant les conditions semblaient difficiles et peu engageantes pour attirer du monde. Mais c’était mal connaître les Bruxellois, qui sont venus en nombre déployer une forêt de parapluies pour profiter de l’événement. Avant que Mark Kozelek ne monte sur scène, c’est Mauritz Pauwels, alias Mauro Pawlowski, qui nous a offert un peu de folk aux accents pop en néerlandais. Bien que son nom soit surtout associé à Evil Superstars et à la scène rock belge, son concert, quoique bien mené, a été difficile à apprécier pleinement sans une bonne compréhension des paroles.
Le crépuscule s’était installé lorsque Sun Kil Moon est monté sur scène, elle aussi plongée dans l’obscurité. Durant la première moitié du concert, je n’ai rien vu de ce qui se passait sur scène, mais ce n’était pas plus mal. J’ai pu me laisser emporter par la voix profonde et mélancolique de Kozelek, portée par des arrangements classiques : guitare, basse et batterie, le tout oscillant autour du folk. Ce sont toutefois les morceaux aux sonorités plus pop qui m’ont le plus séduit, contrastant avec l’apparence du chanteur. Une fois éclairée, la scène a révélé un homme massif, au look d’Américain moyen, loin du cliché de l’artiste mystérieux. Cette simplicité est finalement à l’image de sa musique : sans fioritures, de belles chansons portées par une belle voix. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut.
2. Douglas Dare (et un peu de Perfume Genius)
Après une soirée déplacée à l’AB le mardi, les Feeërieën ont retrouvé leur scène en plein air le mercredi, avec une météo plus clémente. Parfaite pour accueillir Perfume Genius, l’une des têtes d’affiche du festival. Pourtant, c’est Douglas Dare, encore inconnu du grand public, qui a ouvert la soirée et m’a le plus convaincu.
Perfume Genius a livré une prestation à son image : intime, sur le fil, avec des textes très personnels, accompagné de son partenaire à la ville comme à la scène. Toutefois, ce genre de performance semble plus adapté à une ambiance plus feutrée qu’au milieu d’une foule en plein air. Par moments, les arrangements délicats se sont noyés dans les bruits ambiants, et certaines chansons, comme « Queen », qui brillent en studio, peinent encore à trouver leur écho en live.
Douglas Dare, en revanche, a su conquérir l’audience avec ses compositions tristes mais touchantes et ses rythmes électroniques qui ont donné à sa performance une ampleur adaptée à la scène extérieure. Sa voix, assurée et juste, sublimée par quelques effets, a fait vibrer le parc de manière impressionnante. Une belle découverte.
3. Le son « made in AB »
Si vous avez assisté au Brussels Summer Festival (BSF), vous savez peut-être que le son en extérieur peut être approximatif. Pourtant, l’équipe technique de l’AB a, encore cette année, réussi un véritable tour de force. Le son était impeccable, à l’exception de basses un peu trop présentes le mercredi. Cela a grandement contribué à rendre l’expérience musicale au parc encore plus captivante. Peut-être que les ingénieurs du son du BSF devraient venir faire un stage aux Feeërieën.
4. Les bandes-son « made in AB »
Lorsque vous attendez sous la pluie qu’un concert commence, la musique d’ambiance prend une importance particulière. Aux Feeërieën, cet aspect n’est pas négligé. Chaque soir, un créateur différent propose sa sélection musicale, créant une atmosphère qui prépare parfaitement au concert à venir. Mention spéciale à DJ Stonewood, dont les choix musicaux m’ont permis de rester malgré la pluie incessante du lundi soir.
5. Parce que « Bruxelles »
Boire une bière sous la pluie tout en écoutant de la musique dans un parc au cœur de la ville, c’est tellement bruxellois. Les Feeërieën incarnent parfaitement ce qui fait le charme de Bruxelles : des événements à taille humaine, chaleureux et conviviaux. C’est aussi une rare occasion de croiser des Flamands en plein Bruxelles et de tester votre accent néerlandais (sans grand succès dans mon cas).
En résumé, les Feeërieën, c’est tout ce que le BSF devrait être : une programmation qui reflète l’identité culturelle de l’AB, avec une organisation professionnelle et non purement commerciale. Le programmateur offre à ceux qui osent la découverte l’opportunité de rencontrer des artistes qu’ils ne connaissent pas encore. Bref, une belle vitrine de la culture subventionnée comme on aime en voir.