Mais finalement qui a gagné ?

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Après chaque élection, on s'étonne que tel parti pourtant arrivé premier est exclu de la coalition qui prendra le pouvoir ou que le bourgmestre n'est pas issu du plus grand partiâ?¦ Il est facile de hurler au scandale, de dénoncer que le message ­' pourtant clair ' de l'électeur est bafoué, mais c'est le jeu démocratique, en Belgique, comme dans tout pays utilisant une formule proportionnelle (par ailleurs, il n’est pas rare que des pays optant pour une formule majoritaire doivent composer avec des coalitions). Un des principes de la démocratie est qu'on se plie aux décisions prises par la majorité (absolue).

Le but, un soir d'élection, est donc d'atteindre une majorité absolue. Parfois une liste l'atteint seule (Auderghem, Koekelberg, Uccle et Woluwe-Saint-Lambert), dans tous les autre cas, une alliance est nécessaire. Parfois des accords pré-électoraux déclarés ont verrouillé le jeu (je pense ici à Schaerbeek et Anderlecht, notamment), dans d'autres cas, c'est moins clair : soit un accord pré-électoral « saute », soit les partis avancent les mains libres, soit un accord pré-électoral est resté secret. Peu importe les raisons (j'en profite pour rappeler qu'un accord pré-électoral n'est qu'un engagement moral), s'il n'y a pas de majorité absolue, il faut négocier, même si le terrain a été préparé au préalable.

Aucune règle n'accorde une quelconque priorité au plus grand parti. De manière très pragmatique (mais comment pourrait-il en être autrement ?), a la main la première liste qui trouve des partenaires prêts à négocier et avec lesquels elle obtiendrait une majorité. C'est ainsi parce que gouverner une commune n'est pas une question arithmétique. Une certaine entente entre les partenaires est nécessaire. Forcer cette spontanéité sous couvert de « démocratie » risque de s'avérer contre-productif. Par ailleurs, une majorité qui exclurait le plus grand parti n'est pas moins démocratique qu'une autre. Le principe démocratique est, je le rappelle, d'obtenir au moins 50% des voix du conseil communal.

Ã? Bruxelles et en Flandre, aucune règle ne préside à la désignation du bourgmestre. Respectant le principe énoncé ci-dessus, il suffit d'une majorité au sein du conseil (et au sein de son groupe politique) pour que la nomination d'un bourgmestre soit avalisée. Et parfois, pour faire fonctionner une commune, il vaut mieux < > un bourgmestre moins populaire, mais jouissant d'un plus grand respect de ses partenaires. Pour rappel, nous n'élisons jamais les exécutifs en Belgique.

Ã?videmment, pour reprendre la formule consacrée, « cela n'aide pas à la lisibilité du système », mais cela aide à le stabiliser et, sans naïveté excessive, cela limite les interférences liées à une mauvaise entente entre partenaires, ceci dans l'intérêt de la commune et donc de ses citoyens.

8 COMMENTS

  1. Voilà qui éclaire ma lanterne, j’avoue avoir quelque peu ‘tiqué’ sur la situation à #1170. La phrase « Et parfois, pour faire fonctionner une commune, il vaut mieux un bourgmestre moins populaire, mais jouissant d?un plus grand respect de ses partenaires » me fait également voir les choses sous un angle que je n’avais pas envisagé plus tôt. Très pertinent. Merci beaucoup pour ces lumières Caro :-)

  2. Je pense que le souci est que beaucoup de personnes ne connaissent pas le principe de séparation des pouvoirs exécutifs et législatifs et pensent voter pour l’exécutif, élire le bourgmestre…

  3. Mais « jamais » n’est pas correcte non plus… Dans les communes à facilités au tour de Bruxelles, les gens élisent très bien les exécutifs, comme c’est les cas dans les Länder autrichiens… Bien à toi!

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