Le feuilleton de l’été 8

La connerie n'est pas ton amie, lecteur. Je te félicite pour ton sens critique hors du commun. De mon côté, je ne suis pas toujours fiable en la matière. Mais je ferais de mon mieux pour ne pas décevoir ton plébiscite.

L'été ne commençait pas. Par contre, la ville se vidait. Chaque jour, il y avait moins, un peu moins de voitures, ça serait moins dangereux en vélo. Quand on chute, même si les chances de retomber sont faibles, le corps, poutant résilient, a le caprice facile et je n'arrivais plus à pédaler. J'avais beau savoir que je finirais bien par retrouver le mouvement et l'entregent nécessaire, pour le moment, mes jambes ne m'obéissaient pas. Comme j'étais têtue, je sortais quand même en vélo, mais j'étais incapable de l'enfourcher. Je poussais donc la bécane, à la main, parfois sur le trottoir, parfois un peu sur la route, pour tâter ma phobie.

Je me fixais donc une promenade « en vélo » quotidienne. Je commençais autour de la Chaussée d'Ixelles : de l'avenue Louise côté Stéphanie, jusqu'à la rue du Trône : les noms, les bifurcations, les passages transversaux possibles, je sillonnais tout. Ma progression était lente, mais par contre assez précise. Je ne manquais aucun brin d'herbe, ni aucune crotte de chien. Je mémorisais les trous dans l'asphalte, les rues à contresens, les priorités à droite impossibles, toutes les petites particularités de la mobilité bruxelloise, peut-être imitée, mais certainement jamais égalée. Je voulais devenir une carte à roulette. J'envisageais même d'offrir mes services aux touristes. De customiser mon vélo, et de devenir mappa girl, la fille à la carte.

Voilà un job d'été pour moi. Utile, et agréable. Cela ne me demanderait aucun diplôme supplémentaire. (J'en avais déjà suffisamment.) Et me permettrait, qui sait, de retrouver les personnages manquants de ce feuilleton.

Et toi, lecteur fantôme, quels ont été tes expériences de job d'été les plus folles ?

Ã? suivre

Aliette Griz

les feuilletons précédents :

7

6

5

4

3

2

1