Mais qui es-tu le jongleur du feu rouge ?

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Être jongleur à Bruxelles

urbania_jongleurfeurouge_c100Les beaux jours reviennent (ou pas) et avec eux le jongleur des feux rouges. A chaque nouvelle phase rouge, il rentre en scène et refait son numéro pour un nouveau public. Le phasage des feux leur impose une cadence effrénée mais les jongleurs tirent parti de cette contrainte pour se dépasser. Encore heureux que les phases vertes permettent aux jongleurs qui enchaînent plusieurs centaines de fois le même numéro, de faire une petite pause et de boire un coup. Christian jongle depuis plus de deux ans aux carrefours bruxellois et nous confie même que cet exercice extrêmement répétitif et rythmé lui permet de perfectionner sa technique et de s?entraîner pour un spectacle à venir. « J?ai déjà jonglé ailleurs qu?à des feux rouges mais on a parfois l?impression de gêner les passants ou les commerçants tandis qu?aux feux, les automobilistes n?ont rien d?autre à faire et ils sont souvent agréablement surpris de nous voir entrer en scène ».

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En fin de numéro, juste avant que le feu ne repasse au vert, les jongleurs tendent un chapeau pour recevoir des pièces, des chocolats, des biscuits et des gadgets en tous genres mais aucun jongleur ne semble vivre uniquement de ses numéros aux feux rouges. La plupart des jongleurs sont des passionnés qui vivent ou qui essayent de vivre de leur art et dans cette situation, jongler aux carrefours permet simplement de jongler tout en arrondissant un peu les fins de mois.

A force d?écumer les carrefours, les jongleurs collectionnent les anecdotes, comme Abraham qui a, un jour, été invité à rentrer dans un car de touristes pour continuer son numéro à l?intérieur et se faire couvrir de cadeaux.

Les conditions météorologiques (vent, froid ou pluie) empêchent parfois les jongleurs de venir se poster aux carrefours mais selon Nicolas (qui jongle depuis 6 mois sur les carrefours bruxellois) il faut aussi être dans le bon mood. Pas question d?aller jongler s?il n?est pas de bonne humeur et qu?il n?est pas en mesure de communiquer son énergie et son plaisir de jongler.

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La plupart des automobilistes apprécient cette respiration éphémère dans l?enfer de l?heure de pointe. Certains jongleurs rapportent même avoir déjà reçu des encouragements des patrouilles de police (il arrive néanmoins que des  policiers zélés les délogent de leur carrefour, voire les amènent au poste). Vu l?agressivité et la tension qui règne sur les grands axes en heure de pointe, les jongleurs contribuent peut-être à apaiser les esprits et permettent peut-être d?éviter que des automobilistes passent au rouge. A quand une étude de l?IBSR pour investiguer cette question ?

Il n?y a pas qu?à Bruxelles que les jongleurs divertissent les automobilistes aux carrefours. On en trouve dans de nombreuses villes d?Europe et c?est en Amérique du sud (où cette prajongleur-feu-rouge.mp4tique serait née) qu?on en trouve le plus (de nombreux jongleurs bruxellois seraient originaires du continent sud-américain). L’expression sémaphoriste vient d’ailleurs d’Amérique du sud et vient du mot semaforo qui signifie feu de circulation.

Enfin, précisions : il n?y a pas que des jongleurs aux carrefours. Vous avez sans doute déjà croisé sur votre chemin des acrobates, des cracheurs de feu, des clowns et peut-être même un « homme-cerceau » que vous pouvez voir à l?oeuvre dans cette petite vidéo. Et si vous voyagez un peu, peut-être verrez-vous ces jongleurs particulièrement créatifs dans leur réappropriation de l?espace public. Certains tendent un fil au-dessus des voitures pour faire leur numéro tandis que d?autres s?accrochent à un viaduc pour un numéro dans les airs.

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