Le MIMA ouvre à Bruxelles !

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Il était annoncé depuis l’année dernière, le voilà enfin : le Millennium Iconoclast Museum of Art (MIMA) ouvre au public le 15 avril! Dans une ville où il n’existe (plus) de Musée d’art moderne, ni d’art contemporain, cette ouverture est un petit miracle. Et à Molenbeek qui plus est ! Et il aura fallu que ce soit dû à une initiative privée. Ce Musée, il aurait dû ouvrir il y a déjà 3 semaines mais voilà… le 22 mars est arrivé. Un coup dur pour l’équipe mais qui donne encore plus de sens à ce projet un peu dingue.

C’est qu’il restait encore des bâtiments à réaffecter sur le site de la Brasserie Bellevue et l’équipe composée de Michel et Florence de Launoit avec les galeristes Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt ont composé un musée dédié aux arts actuels : street art, punk, art 2.0, vidéo… tout ce qui sort des clous de l’art contemporain et de l’établi se retrouvera ici sur 4 étages de beaux volumes (y compris une terrasse et une cave, le clou du spectacle). C’est en même temps un peu paradoxal, car cet art qui se veut affranchi des règles est devenu tellement couru, qu’il inspire non seulement des artistes « confirmés » mais se retrouve aussi dans un musée. Signe que finalement, il devient « acceptable ».

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La vitrine du Musée sera certainement son expo temporaire. En tout cas, City Lights, qui fait l’ouverture, en met PLEIN les yeux. Quartier libre a été donné 4 artistes américains : le duo FAILE,  Maya Hayuk, le mystérieux MOMO et Swoon. 4 approches très différentes… mais ayant en commun l’invasion de l’espace.

FAILE grâce à l’amour du duo pour la publicité vintage, a crée une roue de prière telle qu’on peut le trouver au Népal mais remplie d’iconographies publicitaires détournées. C’est kitsch, coloré, drôle et grinçant. Et si vous avez l’esprit jouette (ou venez avec des enfants), sachez que l’on peut toucher! Ce qui arrive très rarement dans les musées et je dois dire qu’on ne s’est pas fait prier.

Maya Hayuk elle a carrément investit son étage dans sa totalité en le transformant en cathédrale. Elle est connue pour ses peintures murales aux motifs géométriques, inspirés par l’artisanat mexicain.  L’espace est bien plus restreint qu’un morceau entier d’un bâtiment mais ici, toutes les faces de l’espace sont traitées avec ses motifs de couleurs saturées. C’est impressionnant, gai… et via des écouteurs et un écran, on peut voir comment l’artiste s’y est prise, avec la musique qu’elle écoutait en peignant.

La troisième salle est plus sobre, mais tout aussi intéressante avec les oeuvres de MOMO. Ici, on joue plutôt sur les contrastes et les textures (le bois, les différents papiers colorés superposés et arrachés) et sa signature : des motifs abstraits sur lesquels sont superposés de fines rayures noires ou blanches. C’est un peu moins évident que les autres, mais la technique utilisée (qu’on peut voir en vidéo) est fascinante.

La cave est l’endroit qu’à choisi Swoon. C’est son coup de c?ur. Elle ne devait pas être utilisée, du moins pas tout de suite, mais quelle opportunité de terrain de jeu ! Ici, la technique de base est connue : utiliser des illustrations imprimée sur du papier et les coller. Car Swoon est avant tout une dessinatrice et une portraitiste. Très inspirée aussi par son travail avec Haïti. Dans les coins et recoins, on trouve de nombreux portraits (sur la terrasse aussi) et c’est une autre technique, celle que j’appelle des « dessous de tarte » (vous savez, ces dessous de tarte en imitation dentelle que certains streetartist collent sur les murs), disposés un peu partout dans la cave comme des flocons de neige géants, qui nous mènent vers les différents portraits. C’est carrément féerique! D’autant plus que le contraste avec le fin papier blanc et le brut de béton de la cave est saisissante.

Finalement, avec de si grandes oeuvres, j’ai trouvé que la collection permanente était un petit peu écrasée. Il y a pourtant de chouettes oeuvres (comme une espèce de tête de Kermit démoniaque peinte avec un drône de Katsu ou bien encore une supertomate de Para), d’artiste belges et étrangers mais on a les yeux tellement éblouis par le reste qu’on a plus de difficulté à s’en souvenir. Le bon côté ? Les styles, les supports et les médias utilisés sont tellement variés que ça donne une belle idée d’à quel point l’art n’a jamais eu autant de possibilités qu’aujourd’hui pour s’exprimer: la bonne veille peinture et sculpture bien sûr, mais aussi la palette graphique, le collage, le spraypaint, la céramique…

Je m’en voudrais d’oublier que le musée possède au restaurant-bar plutôt sympa qui complète un peu plus l’offre de l’autre côté du Canal. Car finalement, ce qui est en jeu ici, c’est aussi çà : montrer que Molenbeek, ce n’est pas l’image que les médias lui ont donné ces derniers mois. En tout cas pas que çà, loin de là.

MIMA

33 QUAI DU HAINAUT
1080 MOLENBEEK-SAINT-JEAN

Ouvert du mercredi au dimanche, de 10h00 à 18h, Restaurant ouvert jusque 20h30

NDLR : L’entrée sera gratuite ce 15 avril.

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