Dans une ambiance un peu morose, l’ouverture d’un nouveau musée est d’autant plus intrigante. Ouvert au public depuis décembre 2015, l’ADAM – Art & Design Atomium Museum est un satellite de l’Atomium, ce bâtiment emblématique des glorieuses belges. Celui-ci avait été construit lors de l’Exposition universelle de 58. Il symbolisait la modernité et revêt actuellement un statut tout aussi iconique pour Bruxelles que le Manneken Pis.
Je m’y suis rendue avec des sentiments mélangés : n’est-ce pas un peu anachronique d’ouvrir un musée sur ces terres un peu vides qui visibilisent autant l’épuisement de ces glorieuses ? Ces tunnels, ces autoroutes, ces centrales etc qui ont été construits à l’époque dans un élan de croissance économique et industrielle ne sont-ils pas devenus impayables de nos jours ? N’est-ce pas le stigmate d’une Vieille Belgique qui a vu trop grand ?
Facile d’accès, il est annoncé à 3-5 minutes à pied de la station de métro Heysel. Alors ne faites pas comme moi, ne restez pas béatement devant le palais 6 à vous demander où se trouve ADAM car vous ne le trouverez pas : retournez-vous avec ce fameux palais dans le dos et tout deviendra plus limpide. L’entrée et l’approche du musée sont soignées et m’ont fait penser à celle du Louvre-Lens : un espace dégagé et rythmé qui mène à des salles larges.
Ce nouveau centre d’art est la rencontre d’une collection privée particulièrement étoffée et de mètres carrés vides de l’ancien Trade Mart Brussels. L’occasion ne crée-t-elle pas le larron? Ce sont ainsi plus de 2.000 pièces en plastique qui se trouvent maintenant sur 5000 m². Certaines d’entre elles sont exposées, d’autres stockées, et le reste de l’espace est dédicacé à un centre de congrès, des salles d’expositions temporaires, des espaces pour enfants, un restaurant et une boutique. La collection permanente porte le nom tout à fait adapté de « Plasticarium ».
Celle-ci est structurée par différentes périodes du « plastic is fantastic » : des objets ménagers et du mobilier fonctionnel, un peu de science-fiction ou encore des créations d’artistes contemporains.
C’est là que nous constatons que cette matière est une source d’inspiration infinie : ce pétrole qui scande les marchés et constitue une source de pollution est d’abord une matière. Et comme toute matière, elle se travaille et est, par conséquent, source de créativité. Les glorieuses vacillantes au XXIème siècle nous ont offert une nouvelle (belle) matière.
Selon votre histoire et votre sensibilité, vous trouverez des objets qui vont toucheront plus que d’autres. En ce qui me concerne, ma pièce préférée est cet oeuf qui invite à la protection de l’intimité et de ce qui vous est cher. Je me suis facilement imaginée dedans écoutant ma respiration et palpant l’air subtilement humide qui sort des corps vivants.
Allez, en sortant de ce nouveau musée, je me suis mise à rêver d’une nouvelle ère, moins morose, où l’envers des décors contemporains nous proposent une nouvelle énergie.
Un Centre d’Art Contemporain original à Bruxelles ? Je dirais même plus : il était temps. Espérons que ce projet arrivera à se développer conformément à son ambition et ses attentes.