Les oreilles qui sifflent…

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Ils ont dû être nombreux ceux qui ont pesté, dans leur habitacle, leur transport en commun, leur taxi, leur moto et leur vélo, confrontés qu’ils furent à des embouteillages dignes d’une visite d’ Obama alors que le Boulevard Anspach est rendu aux habitants de l’hyper-centre.

Pester sur ces têtes d’anges, une échevine et un bourgmestre que la RTBF interviewe sans donner la parole aux opposants à leur projet, en instituant le micro-trottoir au rang de déontologie.

Cumuler la fermeture d’un axe d’échange Nord-Sud, en forçant le contournement par des quartiers inadaptés, où les chantiers des futurs transports en commun rendent la circulation chaotique, le tout combiné avec la déliquescence des infrastructures à Reyers, et voilà que la circulation coince. Il faut toujours espérer des lendemains qui chantent. La mobilité à Bruxelles est une mystique depuis une demi-siècle, dont rien de meilleur n’est encore sorti.

Des oreilles qui sifflent, aussi du silence retrouvé sur des espaces qu’il faut vite occuper, fêter. La guindaille comme vivre ensemble, buvons, dansons, jouons, nous vivons un moment fabuleux, la voiture est reléguée loin. Ce qui ne se voit pas n’existe plus, le vide ne peut être comblé que par le bruit des activités de groupe. Pour y accéder si l’on n’est pas Bruxellois, mais Schaerbeekois, Everois, Ucclois, il faudra au choix faire la file dans son bus ou son automobile, être piéton cela se mérite de nos jours, tous les Bruxellois ne sont pas des Bruxellois.

Tournent les livreurs, les bus, les taxis, les peintres, les maçons, les gens qui vivent de leur mobilité mécanisée et qui se trouvent englués dans le rejet des voitures du centre vers les minirings et les tunnels périphériques. Travailler est si difficile de nos jours.

Ce chaos ne surprend pas grand monde, certains s’évertuent à dire qu’il est normal, tous ferment les yeux sur l’absence de réflexion globale de ce bouleversement, conduit comme un coup médiatique et dont il faudra 8 mois pour que l’on juge de l’impact. D’ici-là courage et bonnes fêtes !

 

Nouveau Piétonnier
Vu sur Plateform Pentagone

3 COMMENTS

  1. A Bruxelles Ville, il y aura désormais les voies piétonnières et celles où on circule en voiture presque aussi vite qu’à pied.

  2. « On sait bien pourtant, depuis l’expérience partout atroce, et partout prolongée avec une délectation suicidaire, des centres-ville piétonniers, que la vie ne revient pas dans les rues ainsi libérées des voitures, mais que ce sont les éléments disloqués d’une post-vie qui y prennent alors la place de l’ancienne existence. Le piétonnier qui succède au piéton est une sorte d’âme en peine repeinte aux couleurs de la fête de l’avenir, et qui erre dans un enfer composé de boutiques qui n’ont plus aucun rapport de nécessité avec quoi que ce soit. Aux rues succèdent le théâtre de rues. Et, devant cet état de chose, on peut alors, et paradoxalement sans doute, se souvenir des voitures comme des ultimes protectrices du peu qui restait de la civilisation avant que celle-ci ne soit transformée en parc d’attraction. L' »équipe Delanoë », comme disent les médias à plat ventre, quand il faudrait ne parler que de malfaiteurs exemplaires ou de crime organisé, ne cherche pas à résoudre les problèmes de trafic urbain, mais à imposer son peuple transgénique de festivistes, d’animateurs et de rolléristes qui sont sa véritable clientèle. C’est eux que cette funeste « équipe » exhorte à « reconquérir l’espace urbain » pour achever de le transformer en terrain de jeu, donc finir de le liquider en tant qu’espace urbain, c’est-à-dire en tant que terrain de contradictions. Leur objectif est le parachèvement de la vie non contradictoire. Ce sont donc bien des destructeurs de la vie. Comme tels, ils appartiennent de plein droit à l’élite. Et ce sont donc de purs ennemis. »

    Festivus, Festivus, Philippe Muray, 2002.D

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