Bruxelles, si c’était Cristina

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Photo Cristina De Koninck

J’ai envie de reprendre Jules Renard à la sauce bruxelloise : être bruxellois, ce n’est pas à être né à Bruxelles, c’est y renaître.

Pour une métisse comme moi, cette phrase a tout son sens. Mourir et renaître dans cet espace-temps qu’est le ciel bruxellois. Toute une histoire qui dépasse le lieu où je suis née ou les différents endroits où j’ai vécu. Même si maintenant en 2014, j’ai atteint ce nombre d’années canonique qui me permet de dire que c’est à Bruxelles que j’ai vécu le plus longtemps.

Bruxelles, selon les jours, je m’y perds ou je m’y retrouve. Selon la perspective que je choisis pour appréhender ce qui m’entoure.

Je constate que j’y suis encore à Bruxelles et quelque part j’y suis attachée. Pourquoi ?

Parce que Bruxelles, c’est avant tout la lumière du nord. Cette lumière douce et tamisée même en été. Issue du sud, j’ai pourtant du mal avec ce qui est cru, le bleu flamboyant ou le manque d’ombre. Cet ombre qui permet le repos de l??il.

Bruxelles, c’est aussi le bruit du ronronnement de la vieille Europe. Une histoire vieille de plusieurs siècles, un petit air de décadence dans les bâtiments autrefois luxueux qui s’écaillent, les pavés et les rues trop étroites pour un mode de vie qui implique des déplacements rapides et nombreux, des matériaux et des traditions artisanales perdues ou qui se perdent au profit d’autres rêves.

Et puis Bruxelles, est d’abord une ville où je me sens la moins étrangère. Combien de fois ne me suis-je pas retrouvée dans des endroits où tout de suite la différence se marquait non pas dans mon physique ou dans les langues que je parle mais bien dans le regard des autres ?

Bruxelles s’étend comme une ouverture qu’il faut parfois aller chercher autre part que dans ses lieux dits. C’est là qu’elle vit, qu’elle palpite, qu’elle fleurit pour tous ceux qui veulent voir Bruxelles pour ce qu’elle peut être. Elle a cette qualité d’être malléable. Une qualité rare dans un monde qui se radicalise et se durcit.

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