Gouverner une commune n'est pas une question arithmétique (bis)

5
2009

Je le disais déjà ici même au lendemain des élections, je le rappelle aujourd'hui. C'est en tapant sur le clou qu'il finit par rentrer. Gouverner une commune, c'est avant tout une question de relations interpersonnelles, d'affinités, de confiance, de capacité à partager le pouvoir et un projet commun, ou même de soutien par la hiérarchie du parti.

De même, je pourrais rappeler mon billet sur les accords pré-électoraux.  Ces accords ' quelle que soit leur nature (anticipation d'une coalition, répartition des mandats, partage du poste de bourgmestre,…) ' n'ont qu'une valeur morale entre les signataires et ne lient nullement les électeurs (souvent ils les ignorent d'ailleurs). Les électeurs fixent les rapports de force, d’une part, entre les partis et, d’autre part, entre les personnes au sein d’une liste.

Les échevins et le Bourgmestre ne sont pas élus (ter ?), ni à Bruxelles, ni ailleurs dans le pays (si ce n'est dans les communes à facilités autour de Bruxelles). A Bruxelles, ils sont désignés par le conseil communal, en s'assurant également d'une majorité au sein de leur groupe politique. Ce dernier point n'est pas anodin : les échevins et le bourgmestre doivent être soutenus par leurs colistiers.

L'électeur vote individuellement pour une liste, éventuellement pour un ou plusieurs candidats. Chaque électeur a une motivation propre (ou n'en a même pas du tout, sauf à reconnaître le vogelpik comme justification du vote) qui fait qu'on ne peut les additionner et y lire un message.  Tout comme il est faux de prétendre que les deux plus grands partis ont été plébiscités pour gouverner ensemble, cela n'a pas de sens de considérer que les candidats ayant obtenu le plus de voix de préférence travailleront parfaitement ensemble.

Au contraire, la gestion municipale nécessite la constitution d'une équipe capable de travailler sur un projet commun. L'exigence de cette double majorité constitue un garde-fou en excluant d'emblée du collège les personnes ne bénéficiant pas d'une confiance suffisante de la part de leur groupe et/ou du conseil.

Prétendre qu'il faille « faire monter »  les plus gros scores n'est pas un témoignage de respect vis-à-vis de l'électeur ou de la démocratie. Au contraire, c'est mentir aux citoyens en omettant de leur rappeler le besoin de stabilité et de confiance entre les partenaires qu'implique le gouvernement d'une commune.

5 COMMENTS

  1. Merci pour cette nouvelle explication très claire! C’est effectivement important de le rappeler.

  2. @dtupp comme je le rappelais sur Twitter (et dans un précédent billet): en Wallonie les bourgmestres sont désignés automatiquement (+ gros score personnel de la plus grosse liste partenaire de la coalition). Cela n’en fait pas une élection.

    @Flo Merci :-)

  3. Je pense que les élections en Belgique sont toujours à deux tours: le premier consiste à faire le plus de voix pour la liste et par personnalité; le deuxième relève de la capacité à former une majorité. Le fait donc d’avoir un parti très rassembleur, mais incapable de former cette majorité, atteste d’un manque de respect pour ses propres électeurs plus que de manoeuvre des autres partis. Idem pour les scores de popularité. D’ailleurs, et à ce compte, De Wever aurait dû être premier ministre…

  4. @Xavier C’est une lecture, mais qui omet que la formation d’une majorité implique le bon vouloir de tous, y compris des partenaires.

LEAVE A REPLY